Samia Lamine
La Volonté de Vivre – Abou Kacem Chebbi
Espace funèbre – Samia Lamine
1
Dans ma petite maison
Dorment des rêves
Et un petit oiseau
Qui ne chante plus
2
Dans un petit coin
Près de la cheminée
Je regarde des gouttes
Sur la vitre
Qui pleure l’étoile du matin…
Absente
3
Au bout du boulevard
Les murs nagent dans le brouillard
Et les passants… tout gris
Baillent sous la pluie
4
Au centre de la ville
Des enseignes dansent
Des boutiques désertées
Et des clients sur les trottoirs muets
5
Sur la corniche
La mer appelle le secours
Du rivage sourd
Puis
Elle s’épuise dans le silence
De la nuit
Et…
Elle s’évanouit
6
Sur l’autoroute
Un chauffard ferme les yeux
… … …
Il n’arrive pas à destination
Et ne revoit plus ses enfants
7
Dans le désert sans sable,
Un voyageur sans bosse
Marche vers l’horizon inouï
De longues journées et des nuits
… … …
Assoiffé,
Il plonge dans l’inconnu infini
8
Dans le ciel de la ville
Résonne la voix de l’imam
Il appelle à la prière du vendredi
… … …
La prière de l’absent suit :
A dieu nous sommes et à lui nous retournons
9
Là-bas
Me regardent une tombe…
Vide…
Impatiente…
Un corbillard
Et un croque mort
(Dabka jusqu’à l’aube. 2013 – p 31)
***
L’aube de Sidi Bouzid – Samia Lamine
Qui aurait cru que
Tel un phénix, elle étale ses ailes
Et s’envole dans le ciel ?
Qui aurait cru que
Celle qui
Avait les yeux crevés le ventre vidé
Et les poumons asphyxiés
Jette ses cendres avant l’envolée illuminée ?
Bouzidi… aujourd’hui,
Ton étincelle a ressuscite les momies
Et a redonné aux morts la vie
Aujourd’hui, Bouzidi,
Tu es la multitude embrasée
Elle est ton âme immolée
Elle est ton dos qui ne sait se courber
Elle est ton genou qui ne sait se plier
Bouzidi, désormais,
Tu es Sidi Bouzid
Tu es tout le sud
Bouzidi …
Désormais tu es Nous…
Tu es le Je et tu es la multitude
Et aujourd’hui,
Dans la multitude des jeux
Le jeu est à nous
Oh! Bouzidi
Oh ! Toi martyr de la dignité
Aujourd’hui,
La flamme de ton âme rebelle
Est l’étincelle de notre aube nouvelle !
***
Les oubliés au bord du rien – Samia Lamine
Les oubliés au bord du rien.
Toi moi et le roi
Dans nos lits
Nous grelottons de froid…
Tandis que là- bas…..
Dans le houch sans bois sans toit sans lendemain
Les regards angoissés les ventres vides les coeurs pleins
Pleurent
Et…
Etreignent le rien…
Samia Lamine, tous droits réservés
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