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Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du Promeneur Solitaire – Résumé, Analyse, Citations

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Jean-Jacques Rousseau

 

 

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Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau (28 juin 1712 – 2 juillet 1778) est un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone. Il est orphelin de mère très jeune et sa vie est marquée par l’errance. Ses livres et lettres connaissent un fort succès, mais ils lui valent aussi des conflits avec l’Église catholique et Genève qui l’obligent à changer souvent de résidence et alimentent son sentiment de persécution.

Époque moderne des Lumières

Activités             

Philosophe, botaniste, compositeur, chorégraphe, écrivain, musicologue, homme de lettres, romancier, théoricien de la musique, pédagogue, naturaliste, dramaturge, collaborateur de l’Encyclopédie, épistolier, politologue

Œuvres principales

Du contrat social

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes

Julie ou la Nouvelle Héloïse

Émile ou De l’éducation

Les Confessions

Les Rêveries du promeneur solitaire

C’est l’ouvrage inachevé de Jean-Jacques Rousseau, qui annonce, à la manière des Souffrances du jeune Werther de Goethe (1774-1787), la naissance du Romantisme européen.

Cette publication posthume de l’écrivain constitue le dernier de ses écrits, la partie finale ayant vraisemblablement été conçue quelques semaines avant sa mort.

Sa rédaction s’est établie tout au long des deux dernières années de sa vie, jusqu’à son refuge au château d’Ermenonville : la nature solitaire et paranoïaque de l’auteur malgré une notoriété croissante l’a contraint à cet exil après l’accueil de ses Dialogues, et peut-être également la mort de Louis François de Bourbon (dit le Prince de Conti) durant l’été 1776.

Les Rêveries tiennent à la fois de l’autobiographie et de la réflexion philosophique. C’est un ensemble d’une centaine de pages, l’auteur employant très généralement la première personne du singulier et apportant par digressions quelques détails sur sa vie.

Rousseau présente le livre comme „un informe journal des rêveries”, composé de dix sections inégales, appelées promenades, qui sont des réflexions sur la nature de l’Homme et son Esprit. On voit, à travers cet ouvrage, une vision philosophique du bonheur, proche de la contemplation, de l’état ataraxique, à travers un isolement relatif, une vie paisible, et surtout, une relation fusionnelle avec la nature.

Les Rêveries cherchent à produire chez le lecteur un sentiment d’empathie qui lui permettrait à travers l’auteur de mieux se saisir lui-même.

Rousseau voulait d’abord faire la lumière sur le citoyen Rousseau et sur sa vie, et cette œuvre postérieure est davantage une invitation au voyage et une réflexion générale sur son mode de pensée.

Résumé et Analyse

Première promenade

Rousseau était insulté et blessé par ses contemporains depuis plus de 15 ans, et il s’est débattu pendant 10 ans avant de cesser toute résistance, pour parvenir enfin à la tranquillité. Cette nouvelle attitude est le fruit d’une réflexion : sentant qu’il a toujours le dessous face à ses ennemis, il préserve ainsi son énergie et ne craint plus rien. Il lui est également impossible d’envisager une meilleure situation, et préfère la solitude. Il a perdu l’espoir d’une reconnaissance posthume, avec lequel il vient d’écrire ses Dialogues.

C’est dans cet état que Rousseau décide d’écrire sur lui et ses idées, et prend le parti d’écarter ce qui lui déplaît. Cet examen de sa personne, comme celui qu’il avait mené auparavant dans les Confessions, lui permettra de mieux se connaître. Mais il ne s’agit plus de confessions car il ne fait plus rien, ni de bien ni de mal, et ne vit qu’intérieurement. De plus, cette fois il écrira ses pensées dans l’ordre où elles lui viennent et, seul point qui distingue son entreprise de celle de Michel de Montaigne lorsqu’il rédigeait ses Essais, il ne le fera que pour lui-même, pour le plaisir de les écrire et plus tard de les relire.

« Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même » Ainsi débute le texte des Rêveries. Jean-Jacques Rousseau interpelle le lecteur lui faisant part de sa condition et se posant lui-même comme un vieil homme sans illusion.

Jugeant l’œuvre des Rêveries comme une thérapie personnelle, il les considère également implicitement comme ses dernières lignes.

Deuxième promenade

Rousseau explique son approche particulière de ses rêveries, car il ne fait pas que les décrire, il les revit à chaque fois qu’il se les remémore.

Il fait part d’un exemple concret : son accident survenu sur le chemin de retour d’une promenade à travers les vignes et les prairies. Il raconte avec précision comment les gens ont cru à sa mort bien qu’il n’avait que quelques blessures. Cet instant de sa vie représente un moment-clé pour lui, puisqu’à cause de cet accident il perd la conscience de son identité pendant quelques minutes et se retrouve comme le Voyageur sans bagage de Jean Anouilh, au plus proche de sa nature originelle d’homme. Cette expérience le porte à croire que l’homme serait davantage heureux dans un état de nature puisque ces quelques minutes d’errance sont le plus bel instant de sa vie. Pour lui le bonheur est dans l’ignorance. Par ailleurs, la violence du choc de l’accident est paradoxale avec le calme et l’extase ressentis par Rousseau.

Lors de cette promenade, Rousseau découvre l’incroyable comportement des gens. Au contraire d’hommages « posthumes », on porta outrages et indignités à sa mémoire. Rousseau condamne ces actes mais se sent impuissant à modifier les choses. On le retrouve blessé et son dégoût vis-à-vis des hommes n’est alors qu’amplifié. Il parle de « complot universel ».

Rousseau regarde son sort comme voulu par Dieu et s’aperçoit que la méchanceté des hommes est trop parfaite, trop absolue, pour être chose humaine : elle résulte donc d’une volonté divine: „je ne puis m’empêcher de regarder désormais comme un de ces secrets du Ciel impénétrables à la raison humaine la même œuvre que je n’envisageais jusqu’ici que comme un fruit de la méchanceté des hommes”. Rousseau s’en remet au jugement divin, puisque sa volonté est voulue par Dieu, et c’est de la Volonté de Dieu qu’il espère une certaine réhabilitation.

Troisième promenade

« Je deviens vieux en apprenant toujours » c’est une citation de Solon. Rousseau entre dans sa troisième réflexion en parlant de l’expérience : « La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse ; la vieillesse est le temps de la pratiquer ». Ici, la citation s’inspire d’un proverbe de Bias de Priène : « Il faut user de la jeunesse comme un atout, et de la vieillesse comme un viatique ». Il emmène une question d’ordre purement philosophique, à savoir si aux moments qui rapprochent l’homme de la mort, il est temps pour lui d’apprendre comment il aurait dû vivre ? Il répond peu après « Que sert d’apprendre à mieux conduire son char quand on est au bout de la carrière? » Cette métaphore le pousse à réfléchir sur la morale métaphysique.

Dans cette promenade, Rousseau examine les dispositions de son âme en ce qui touche ses sentiments religieux. Il remonte ainsi le chemin qui l’a conduit à écrire Profession de foi du vicaire savoyard. Le thème de la morale est également évoqué comme étant dépendante de la métaphysique, car ce qu’on doit faire dépend de ce qu’on doit croire.

« Je me suis toujours dit : tout cela ne sont que des arguties et des subtilités métaphysiques qui ne sont d’aucun poids sur auprès des principes fondamentaux adoptés par ma raison, confirmés par mon cœur, et qui tous portent le sceau de l’assentiment intérieur dans le silence des passions. »

La dernière phrase est très éloquente: « Heureux si par mes progrès sur moi-même, j’apprends à sortir de la vie, non meilleur car cela n’est pas possible, mais plus vertueux que je n’y suis entré. »

Quatrième promenade

« Je me souviens d’avoir lu dans un livre de Philosophie que mentir c’est cacher une vérité que l’on doit manifester. »

Rousseau explique sa devise sur la vérité. Pour lui, il existe deux catégories de mensonges:

– Les mensonges condamnables, par exemple le mensonge qui cause le renvoi de la servante.

– Les mensonges innocents, qui portent sur des choses indifférentes. Il se retrouve lui-même souvent confronté à l’utilisation de ces mensonges. Il éprouve facilement de la honte dans certaines situations, il ment alors par réflexe ou par embarras, mais sans préméditation. Il n’ose pas se rattraper par la suite et avouer qu’il a menti, de peur de se faire un nouvel affront.

Mentir dans la littérature: „Mentir sans profit ni préjudice de soi ni d’autrui n’est pas mentir: ce n’est pas mensonge, c’est fiction.”  Il explique que la fiction à objet moral sont des fables ou des apologues, qui traitent des valeurs morales de façon sensible et agréable.

„Il est d’autres fictions purement oiseuses, telles que sont la plupart des contes et des romans qui n’ont pour objet que l’amusement”. Celles-là sont dépouillées de toute utilité morale parce qu’elles ne sont utiles que pour celui qui raconte les mensonges.

« La différence donc qu’il y a entre mon homme vrai et l’autre, est que celui du monde est très rigoureusement fidèle à toute vérité qui ne lui coûte rien mais pas au-delà, et que le mien ne la sert jamais si fidèlement que quand il faut s’immoler pour elle. »

Il a souvent été tenté de mentir sur des épisodes de sa vie lorsqu’il écrivait ses Confessions, afin de donner une image positive de lui, mais il a préféré exagérer un peu ces situations, afin d’être un peu dur avec lui-même, et d’une certaine manière, de porter un jugement sur sa personne.

Cinquième promenade

« De toutes les habitations où j’ai demeuré (et j’en ai eu de charmantes), aucune ne m’a rendu si véritablement heureux et ne m’a laissé de si tendres regrets que l’île Saint-Pierre  il m’eut suffi durant toute mon existence sans laisser naître un seul instant dans mon âme le désir d’un autre état. »

« Quand le soir approchoit je descendois des cimes de l’Isle et j’allois volontiers m’asseoir au bord du lac sur la gréve dans quelque azyle caché ; là le bruit des vagues et l’agitation de l’eau fixant mes sens et chassant de mon ame toute autre agitation la plongeoient dans une rêverie delicieuse où la nuit me surprenoit souvent sans que je m’en fusse apperceu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux suppléoient aux mouvemens internes que la rêverie éteignoit en moi et suffisoient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. »

Cette promenade fait l’éloge du „far niente”, de l’oisiveté, ou plutôt d’une activité sans contrainte. Rousseau parle du concept du bonheur „un état fugitif qui nous laisse encore le cœur inquiet et vide, qui nous fait regretter quelque chose avant, ou désirer encore quelque chose après.”

Il décrit aussi un retour possible à un état non agité ou au calme des sens après avoir concentré ceux-ci sur le rythme et le mouvement des vagues du lac et cessé tout mouvement de ses pensées, illustrant à la fois l’état de concentration et de méditation.

Sixième promenade

« Que ce soit les hommes, le devoir ou même la nécessité qui commande, quand mon cœur se tait, ma volonté reste sourde, et je ne saurais obéir. »

Rousseau explique la conception de sa liberté, qu’il considère primordiale, et qu’il démontre par le contrat tacite entre un bienfaiteur et un obligé. Il démontre son altruisme, et le raisonnement qui doit en découler si l’on suit ce que la liberté impose et propose. Devant la condescendance du bienfaiteur, il faut savoir toujours prévoir les conséquences, sous peine d’un assujettissement.

Septième promenade

« Me voilà donc à mon foin pour toute nourriture, et à la botanique pour toute occupation. »

Dans ce cas, est-ce l’annonce que ce serait déjà la fin des rêveries : „le recueil de mes longs rêves est à peine commencé, et déjà je sens qu’il touche à sa fin.” La stimulation de la rêverie tient de la botanique, qui lui inspire un certain détachement avec la réalité. Chaque fois où il revient à lui, à ses méditations, il se sent revivre. Pour Rousseau, les rêveries sont une échappatoire : „penser fut toujours pour moi une occupation pénible et sans charme.”

Ainsi la botanique ne remplace en aucun point la rêverie : „Elle me fait oublier les persécutions (…) elle me transporte dans des habitations paisibles (…) elle me rappelle et mon jeune âge (…) et me rend heureux bien souvent encore au milieu du plus triste sort qu’ait subi jamais un mortel.”

Huitième promenade

« je jouis de moi-même en dépit d’eux »

C’est l’indifférence pour élément du bonheur. À partir de la Huitième Promenade, l’édition posthume comprend les brouillons que Rousseau n’a pas mis au net.

Rousseau parle de l’indifférence face au joug de l’opinion sur soi. Il ne s’agit pas de l’ignorer, mais plutôt de le maîtriser, dans l’indifférence.

Neuvième promenade

« Je suis homme et reçu chez les humains. »

Rousseau explique ses amitiés, comme élément de son altruisme. „Les petites privations s’endurent sans peine quand le cœur est mieux traité que le corps.”

Dixième promenade

C’est la promenade finale, la plus courte de l’ouvrage car elle est inachevée, Rousseau étant mort avant d’avoir pu finir son œuvre. Rousseau revient en quelques lignes sur le souvenir des Charmettes  et de son amour pour Madame de Warens, avant de s’éteindre quelques semaines plus tard d’une crise d’apoplexie.

 

Citations

Jean-Jacques Rousseau

Les Rêveries du promeneur solitaire

PREMIERE PROMENADE

Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frere, de prochain, d’ami, de société que moi-même. Le plus sociable & le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime. Ils ont cherché dans les rafinemens de leur haine quel tourment pouvoit être le plus cruel à mon ame sensible, & ils ont brisé violemment tous les liens qui m’attachoient à eux. J’aurois aimé les hommes en dépit d’eux-mêmes. Ils n’ont pu qu’en cessant de l’être se dérober à mon affection. Les voilà donc étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi puisqu’ils l’ont voulu. Mais moi, détaché d’eux & de tout, que suis-je moi-même ? Voilà ce qui me reste à chercher. Malheureusement cette recherche doit être précédée d’un coup-d’œil sur ma position. C’est une idée par laquelle il faut nécessairement que je passe, pour arriver d’eux à moi.

 

Depuis quinze ans & plus que je suis dans cette étrange position, elle me paroît encore un rêve. Je m’imagine toujours qu’une indigestion me tourmente, que je dors d’un mauvais sommeil & que je vais me réveiller bien soulagé de ma peine en me retrouvant avec mes amis. Oui, sans doute, il faut que jaye fait sans que je m’en aperçusse un saut de la veille au sommeil, ou plutôt de la vie à la mort. Tiré je ne sais comment de l’ordre des choses, je me suis vu précipité dans un cahos incompréhensible où je n’apperçois rien du tout ; & plus je pense à ma situation présente, & moins je puis comprendre où je suis.

 

 

 

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