Les Métamorphoses est un long poème épique latin d’Ovide, dont la composition débute probablement en l’an 1. L’œuvre comprend 15 livres (près de douze mille vers) écrits en hexamètres dactyliques et décrit la naissance et l’histoire du monde gréco-romain jusqu’à l’époque de l’empereur Auguste.
Les auteurs dont s’inspire Ovide sont des poètes de l’époque hellénistique qui songèrent à regrouper les légendes grecques présentant les métamorphoses des dieux ou des mortels de la mythologie. Parmi ces poètes il faut citer Nicandre de Colophon (IIIe-iie siècle av. J.-C.), Antigone de Caryste et Parthénios de Nicée (ier siècle av. J.-C.). Le renouveau du pythagorisme donne aussi une certaine actualité à la doctrine du transformisme.
Ovide met en scène des centaines de fables (environ 250) depuis le Chaos originel jusqu’à l’apothéose d’ Auguste César, de façon soit développée soit allusive. Le plus difficile est de donner à cette matière hétérogène une certaine unité. Ovide y parvient, non sans artifices, en s’inspirant des catalogues et des généalogies archaïques (comme le Catalogue des femmes d’Hésiode). Toutes les qualités d’Ovide, verve naturelle, art du développement, effets de surprise, adresse dans les transitions, élégance et légèreté de touche se retrouvent dans les Métamorphoses mais avec un dosage particulier afin de correspondre à la durée du poème. Ainsi Ovide recherche le pittoresque avec bonheur et pousse parfois jusqu’à un réalisme brutal comme dans ce portrait de la Faim (VIII, v. 790-799) :
« (…) Elle cherchait la Faim : elle la vit dans un champ pierreux, d’où elle s’efforçait d’arracher, des ongles et des dents, de rares brins d’herbe. Ses cheveux étaient hirsutes, ses yeux caves, sa face livide, ses lèvres grises et gâtées, ses dents rugueuses de tartre. Sa peau sèche aurait laissé voir ses entrailles ; des os décharnés perçaient sous la courbe des reins. Du ventre, rien que la place ; les genoux faisaient une saillie ronde énorme, et les talons s’allongeaient, difformes, sans mesure… »
La psychologie des personnages est variée et s’accompagne quand c’est nécessaire des ressources de la rhétorique voire de la déclamation (dispute d’Ajax et d’Ulysse autour des armes d’Achille (XIII). Quant aux combats, ils ont parfois l’allure épique des grandes épopées. Cependant, Ovide ne renonce pas à sa frivolité ni à la malice du poète qui ne souhaite pas être dupe de son récit, ce qui nuit parfois à l’harmonie d’ensemble de l’œuvre. Enfin Ovide, bien qu’il ait été en contact avec le pythagorisme qui ne cesse à cette époque de faire des progrès dans la haute société romaine, ne le fait intervenir qu’à son dernier chant avec une magnificence de termes mais sans grande profondeur.
Les Métamorphoses ne sont pas totalement terminées quand Ovide est exilé à Tomes (l’actuelle Constanţa en Roumanie, au bord de la mer Noire). C’est dans cet endroit, qui pour lui est un exil infernal, qu’il termine à une date imprécise, sans doute autour de l’an 9 ou 10, son œuvre qui est la seule du poète latin composée en hexamètres dactyliques.
Principaux épisodes :
Livre I : Création, âges de l’humanité, Géants, Lycaon, le Déluge, Deucalion et Pyrrha, Python, Daphné, Io, Syrinx ;
Livre II : Phaéton, Callisto, Coronis, Ocyrhoé, Aglaure, Jupiter et Europe ;
Livre III : Cadmus, Actéon, Sémélé, Tirésias, Narcisse, Écho et Penthée ;
Livre IV : Pyrame et Thisbé, Leucothoé et Clytie, Salmacis et Hermaphrodite, les filles de Minyas, Ino et Athamas, Persée et Andromède.
Livre V : Phinée, Hippocrène, les Piérides, Le Rapt de Proserpine, Aréthuse, Lyncos ;
Livre VI : Arachné, Niobé, Marsyas, Pélops, Philomèle et Procné, Borée et Orithye, les Boréades ;
Livre VII : Médée, Thésée, Minos, Éaque, les Myrmidons, Céphale et Procris ;
Livre VIII : Nisus et Scylla, Ariane et le Minotaure, Dédale et Icare, le Sanglier de Calydon, Méléagre et Althée, Érysichthon, Philémon et Baucis ;
Livre IX : le mythe d’Hercule.
Livre X : Orphée, Eurydice, Hyacinthe, Pygmalion, Adonis, Atalante, Cyparissus ;
Livre XI : mort d’Orphée, Midas, Alcyone et Céyx ;
Livre XII : Iphigénie, les Centaures, Achille ;
Livre XIII : le siège de Troie, Énée ;
Livre XIV : Scylla, Énée, Romulus ;
Livre XV : Pythagore, Hippolyte, Esculape, César.
Postérité et évocations artistiques
Au xive siècle est composé L’Ovide moralisé, une traduction anonyme des Métamorphoses qui amplifie le texte latin et lui ajoute des commentaires expliquant chacune des histoires dans un sens allégorique.
Aux xviie siècle, les Métamorphoses inspirèrent deux œuvres au poète baroque espagnol Luis de Góngora, la Fable de Pyrame et Thisbé et Fable de Polyphème et Galatée
Aux xviie et xviiie siècles, les Métamorphoses sont l’inépuisable source d’innombrables œuvres lyriques, de Lully à Gluck et Grétry en passant par Haendel, Dittersdorf ou Rameau.
En 1951, le compositeur britannique Benjamin Britten compose six pièces pour hautbois intitulées Métamorphoses d’après Ovide. Elles s’inspirent des métamorphoses de six personnages : Pan, Phaéton, Niobé, Bacchus, Narcisse et Aréthuse.
Les Métamorphoses furent également une source d’inspiration majeure en peinture, depuis la renaissance, le baroque et jusqu’à l’époque contemporaine ; la plupart des peintres majeurs ayant travaillé sur ces thèmes, depuis Diego Vélasquez, Rubens) jusqu’au xxe siècle avec Salvador Dalí (Métamorphose de Narcisse) et Pablo Picasso (Illustration des Métamorphoses par le peintre).


