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Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal / parcours : alchimie poétique : la boue et l’or. Poèmes célèbres audio

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Dissertation : Violinne, et quelques poèmes célèbres, dans la lecture de : Iman Omar, Francine Fortier Alberton, Jean-Pierre Rivet, Fattoum Abidi, Violinne.

0:00:05 Parcours : alchimie poétique : la boue et l’or, Dissertation : Violinne
0:22:33 Au lecteur, Fattoum Abidi
0:26:15 L’albatros, Jean-Pierre Rivet
0:27:56 Correspondances, Iman Omar
0:29:12 L’homme et la mer, Francine Fortier Alberton
0:30:30 La musique, Iman Omar
0:31:22 L’invitation au voyage, Francine Fortier Alberton
0:33:17 Parfum exotique, Iman Omar
0:34:26 Chant d’automne, Iman Omar
0:36:39 Spleen, Quand le ciel…, Iman Omar
0:38:31 Le coucher du soleil romantique, Iman Omar
0:39:41 L’albatros, Francine Fortier Alberton
0:41:10 Bien loin d’ici, Iman Omar
0:42:06 A une passante, Iman Omar
0:43:18 Harmonie du soir, Iman Omar
0:44:49 Ciel brouillé, Iman Omar
0:46:16 Spleen j’ai plus de souvenirs, Iman Omar
0:48:30 La cloche fêlée, Iman Omar
0:49:55 Spleen 4 Quand le ciel…, Francine Fortier Alberton
0:51:44 Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne, Fattoum Abidi
0:52:30 Élévation, Violinne
0:54:23 L’Ennemi, Violinne
0:56:04 Hymne, – L’Ennemi, Violinne
0:57:40 Le poison, Violinne
0:59:25 La Beauté, Violinne
1:01:05 La Mort des amants, Violinne
1:02:37 La Mort des artistes, Violinne

Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, écrit entre 1840 et 1867, jusqu’à sa mort.

Le livre a scandalisé la société conformiste et soucieuse de respectabilité et Baudelaire a subit un procès retentissant : une forte amende, réduite sur intervention de l’Impératrice, et la censure de six pièces jugées immorales.

La réhabilitation interviendra près d’un siècle plus tard, en 1949.

L’alchimie poétique est la force magique de la poésie

Dans Les Fleurs du Mal, la poésie a la capacité de permettre la transmutation de la boue en or, posant ainsi une question esthétique de la beauté et de son fonctionnement dans la poésie.

L’écriture poétique a des pouvoirs alchimiques, parce qu’elle peut aussi bien célébrer la beauté du monde que souligner sa laideur grâce à son pouvoir évocateur.

Baudelaire use des ressources du langage poétique pour transformer le monde et pour représenter ou pour atténuer le chaos.

Une source traditionnelle d’inspiration poétique c’est la femme et sa beauté, et on voit des poétes qui célèbrent la femme et qui chantent l’amour : Ronsard, Du Bellay, Aragon, Musset.

Mais aussi la laideur est objet poétique : « Une charogne » de Baudelaire,  la vieillesse (Ronsard), ou la mort (La Ballade des pendus de François Villon).

La mise en scène de la laideur peut révéler l’instabilité du monde et la  vanité de la condition humaine, et les transformations bouleversantes du monde moderne peuvent également être source de tumulte et de chaos intérieur (Les Chants de Maldoror de Lautréamont), mais aussi une vision négative de soi-même (« Le Crapaud »  de Tristan Corbière).

 

Les Métamorphoses et l’Alchimie

La « boue » et « l’or » sont opposés, mais aussi complémentaires, car l’auteur, comme un alchimiste qui réussirait miraculeusement à transformer le plomb en or, fait d’une matière laide, un objet précieux.

Exemple :

Dans le poème « Le Soleil », le poète, aussi comme le soleil,  « ennoblit le sort des choses les plus viles ».

Dans le poème « À une mendiante rousse », derrière les marques de la pauvreté, on trouve les traces de beauté, ce qui transfigure également une mendiante.

Dans « Invitation au voyage », on a des évasions ou voyages poétiques, en explorant la boue du monde et la nature humaine.

Le poème « Correspondances » transfigure la réalité et en fait une source d’une expérience poétique.

Dans « L’Homme et la Mer », le poète invite le lecteur à explorer « le fond de ses abîmes », vastes et profonds que ceux de la mer.

La Structure

Le recueil a six parties :

Spleen et Idéal ;

Tableaux parisiens ;

Le Vin ;

Fleurs du Mal ;

Révolte ;

La Mort.

Le poème Au Lecteur sert de prologue.

 

Spleen et idéal représente un constat sans concession du monde réel.

Le spleen est une source d’affliction et de blessures, qui suscite chez Baudelaire un repli sur soi et le désir de reconstruire mentalement l’univers et d’atteindre cet idéal.

Dans Tableaux parisiens, le poète se noie dans la foule anonyme du Paris populaire.

Le Vin résume des paradis artificiels où il s’aventure et sollicite des plaisirs charnels, et Fleurs du Mal apporte les remords de l’enchantement.

La Révolte c’est le rejet d’une existence décidément vaine, qui se solde par La Mort.

Spleen et Idéal (85 poèmes)

Le monde réel est voué de toute éternité à la faute, au mal et à une souffrance rédemptrice (Bénédiction) et il inspire à Baudelaire un dégoût et un ennui qui vont jusqu’à lui faire envier « le sort des plus vils animaux » (De Profundis clamavi) et causent chez lui une tristesse profonde qu’il nomme le « spleen »,  terme synonyme de profond désespoir.

La fuite du temps (« Et le Temps m’engloutit minute par minute » – Le Goût du Néant) et la certitude de la mort (« La tombe attend ; elle est avide » – Chant d’automne) sont un obsessionnel leitmotiv.

Les tentatives de dépasser cet accablement sont nées d’une volonté de transcendance (Élévation), mais elles ne mènent guère qu’à un endormissement passager (Le Léthé) et la sérénité ne semble accessible qu’en faisant revivre un passé révolu (Parfum exotique). Seule une synesthésie permet d’atteindre l’idéal (Correspondances) : fusion totale des sens, où l’odorat, la vue et l’ouïe jouent un rôle capital.

Quelques poèmes :

Bénédiction, L’Albatros, Élévation, Correspondances, L’Homme et la Mer, Don Juan aux enfers, La Beauté, L’Idéal, La Géante, Les Bijoux (pièce condamnée), Parfum exotique, Harmonie du soir, Le Flacon, Le Poison, Ciel brouillé, L’Invitation au voyage, Spleen.

Tableaux parisiens (16 poèmes)

C’est une tentative de réponse à l’accablement qui surgit « à l’heure où le soleil tombant / Ensanglante le ciel de blessures vermeilles ». Baudelaire se réfugie dans la vie de Paris, dont il explore « les plis sinueux des vieilles capitales.

« Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel) » – Le Cygne.

On y voit le hurlement de « la rue assourdissante » (À une Passante), le « fracas roulant des omnibus » (Les Petites Vieilles), les « quais froids de la Seine » (Danse macabre) « les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité », jusqu’aux « grands ciels qui font rêver d’éternité » (Paysage).

Les poèmes :

Paysage, Le Soleil, À une mendiante rousse, Le Cygne, Les Sept Vieillards, Les Petites Vieilles, Les Aveugles, À une Passante, Le Squelette laboureur, Le Crépuscule du soir, Le Jeu, Danse macabre, L’Amour du mensonge, Brumes et Pluies, Rêve parisien, Le Crépuscule du matin.

Le Vin (5 poèmes)

Le vin est « informe et mystique » et résulte d’une autre tentative de fuir, à travers des paradis artificiels, « un vieux faubourg, labyrinthe fangeux / Où l’humanité grouille en ferments orageux » (Le Vin des chiffonniers). Le vin est « grain précieux jeté par l’éternel Semeur, / Pour que de notre amour naisse la poésie / Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! » (L’Âme du vin). « Le vin roule de l’or, éblouissant Pactole » (Le Vin des chiffonniers).

Les poèmes

L’Âme du vin, Le Vin des chiffonniers, Le Vin de l’assassin, Le Vin du solitaire, Le Vin des amants.

Fleurs du Mal (12 poèmes)

Dans cette partie, Baudelaire tente une nouvelle fois de s’évader « des plaines de l’Ennui, profondes et désertes » (La Destruction). Il évoque la grandeur et la misère humaines incarnées par la Femme (« Faites votre destin, âmes désordonnées, / Et fuyez l’infini que vous portez en vous ! » – Femmes damnées – Delphine et Hippolyte), et il cherche à débusquer la beauté jusque dans la laideur physique (Les Métamorphoses du Vampire) ou morale (Les deux bonnes sœurs).

Les poèmes

La Destruction, Une Martyre, Lesbos (pièce condamnée), Femmes damnées – Delphine et Hippolyte (pièce condamnée), Femmes damnées (Comme un bétail pensif sur le sable couchées), Les Deux Bonnes Sœurs, La Fontaine de sang, Allégorie, La Béatrice, Les Métamorphoses du Vampire (pièce condamnée), Un Voyage à Cythère, L’Amour et le crâne.

Révolte (3 poèmes)

La révolte poétique contre la Divinité, virulente au point de vouloir lui substituer Satan, fut violemment attaquée lors du procès, car la justice du Second Empire perçut une attaque de la religion dans ce désir, pris à la lettre, de jeter Dieu à terre et de le remplacer au Ciel (Abel et Caïn) :

« Race de Caïn, au ciel monte,

Et sur la terre jette Dieu ! »

Les poèmes

Le Reniement de Saint-Pierre, Abel et Caïn, Les Litanies de Satan.

La Mort (6 poèmes)

Le recueil se clôt par « la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre, (…) portique ouvert sur les Cieux inconnus » (La Mort des pauvres).

Les poèmes

La Mort des amants, La Mort des pauvres, La Mort des artistes, La Fin de la journée, Le Rêve d’un curieux, Le Voyage.

Thèmes

Le spleen – c’est le dégoût du monde réel, soumis au péché, et la tristesse qu’il inspire.

Le masochisme – dans la douleur, où plaisir et souffrance semblent la plupart du temps indissociablement liés, et la douleur est saluée comme « noblesse unique » (Bénédiction).

Le sang – qui obsède littéralement Baudelaire, dans pas moins de vingt-huit pièces. Baudelaire voit le sang même dans le soleil couchant (« Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige » – Harmonie du soir).

La fuite du temps –  la marche du temps, à laquelle nul n’échappe : « mon gosier de métal parle toutes les langues » (L’Horloge), « Les rides et la peur de vieillir » tourmentent l’humanité (Réversibilité), « joueur avide » (L’Horloge), « ennemi vigilant et funeste » et « rétiaire infâme » (Le Voyage).

Les saisons –  le printemps « adorable » et « trempé de boue », l’été, « si doux » ou au contraire « blanc et torride », l’ « arrière-saison » au « rayon jaune et doux » avec des teintes automnales, et l’ « implacable hiver ».

Le soleil couchant – le moment décisif au carrefour du jour et de la nuit, quand vient « le soir qui soulage », qui porte souvent la souffrance à son paroxysme (Le Crépuscule du soir ; Le Coucher du soleil romantique) et quand la douleur se mêle à l’extase (La Vie antérieure) ou s’apaise (Recueillement).

La nuit – qui apporte le spleen (Une nuit que j’étais près d’une affreuse Juive ; Confession ; La Cloche fêlée ; L’Examen de minuit), un relatif apaisement (La Lune offensée), un endormissement temporaire (La Fin de la journée), et l’idéal (Tristesses de la lune ; Les ténèbres ; Les Yeux de Berthe).

La lune – qui rayonne presque toujours d’ondes positives exprimant :

l’opulence (Confession ; Tristesses de la lune) ;

la beauté enchanteresse (Paysage ; Le Jet d’eau) ;

la bienfaisance (La Muse vénale) ;

la douceur (Chanson d’après-midi) ;

la compassion (La Lune offensée) ;

la complicité (Tristesses de la lune).

le monde des morts (Spleen II).

la femme idéale (Le Possédé ; Les Métamorphoses du Vampire).

une intention hostile, à travers des « baisers froids comme la lune » (Le Revenant).

 

Le sommeil – qui provoque des résultats positifs variés :

– simple endormissement voluptueux (Semper eadem ; La Prière d’un Païen) ;

– vision clairvoyante du réel (Le Jeu) ;

– révélation extatique d’un autre monde (L’Invitation au voyage ; Rêve parisien ; La Mort des pauvres).

 

L’abîme – ou l’idée du néant ou d’une chute dans le vide, qui peut exprimer :

– l’immensité d’une nature hostile (« Le navire glissant sur les gouffres amers » – L’Albatros) ;

– l’avidité du temps qui passe (L’Horloge) ;

– l’étendue de l’illusion (La Voix) ;

– la profondeur de l’ennui (Le Possédé) ;

– le lancinant désir de fuir la souffrance dans la volupté (Le Poison) ;

– l’universalité du mal (Le Tonneau de la haine ; Hymne à la beauté ; Duellum; Femmes damnées – Delphine et Hippolyte ; Les Litanies de Satan ; Épigraphe pour un livre condamné) ;

– le mystère insondable d’un au-delà annonciateur de terreurs (Danse macabre ; Les Plaintes d’un Icare) comme investi d’interrogations (Le Crépuscule du soir ; Le Voyage).

 

La mort –  qui inspire à Baudelaire des pensées noires tournant à l’obsession sépulcrale (« Mon âme est un tombeau » – Le Mauvais Moine).

La Femme – image qui ponctue tout le recueil, car elle est :

– sœur complice (À Celle qui est trop gaie ; L’Invitation au voyage ; Le Vin des amants ; Femmes damnées – Delphine et Hippolyte ; Les Yeux de Berthe) ;

– figure maternelle et aimante (Le Balcon ; La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse ; Je n’ai pas oublié, voisine de la ville) ;

– ombre attendrissante d’une « Ève octogénaire » (Les Petites Vieilles) ;

– compagne sensuelle et envoûtante (Sed non satiata) conduisant à l’extase (La Chevelure) ;

– incarnation de la beauté inaccessible (À une Passante) ;

– allégorie de la sainteté (Le Flambeau vivant ; Franciscæ meæ laudes) ;

– ange tutélaire (Hymne)

 

 

Les animaux – les animaux qui fascinent Baudelaire sont le chat (Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux) et le serpent – qui traduit :

– la souplesse (Avec ses vêtements ondoyants et nacrés) ;

– l’élégance (Le Serpent qui danse) ;

– la force (Le Beau Navire) ;

– la docilité (« Et des jongleurs savants que le serpent caresse » – Le Voyage).

 

La foi religieuse – qui marque tout le recueil.

La foi catholique affirme son empreinte avec :

– la religieuse Les Deux Bonnes Sœurs) ;

– les sept péchés capitaux (À une Madone) ;

– le confessionnal (Confession) ;

– le chemin de croix (Bénédiction) ;

– le purgatoire (Allégorie) ;

– le pape (Le Masque) ;

– l’ordre monastique des cénobites (Le Mauvais Moine).

 

Les correspondances – passerelles jetées entre le réel (le monde d’ici-bas, lieu de contingences matérielles) et l’irréel (l’univers spirituel et, bien souvent, l’au-delà)

La mer – qui fascine Baudelaire, L’ « océan où la splendeur éclate » (Mœsta et errabunda).

Le poète – suscité par Dieu pour chanter la souffrance (Bénédiction) , ou puissant comme un astre (Le Soleil), dépositaire de secrets ineffables (Tristesses de la lune), fasciné par la beauté (La Beauté), ou captif d’un monde auquel il ne peut s’adapter (L’Albatros)

 

Modernité

Baudelaire rajeunit la structure du vers, pour en rompre la monotonie.

Baudelaire précise, dans l’un de ses projets de préface : « Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d’extraire la beauté du Mal ».

Les Fleurs du mal est une œuvre majeure de la poésie moderne, avec 163 pièces qui rompent avec le style convenu. Cette œuvre  célèbre la ville et plus particulièrement Paris, rompant avec le romantisme qui, depuis un demi-siècle, loue la Nature jusqu’à la banaliser. L’auteur mêle langage savant et parler quotidien et rajeunit la structure du vers par l’usage régulier d’enjambements, de rejets et de contre-rejets et rénove la forme rigide du sonnet, avec des images suggestives en procédant à des associations souvent inédites, tel l’ « Ange cruel qui fouette des soleils » (Le Voyage).

Baudelaire chante avec une sincérité absolue :  la souffrance, le dégoût du mal, l’obsession de la mort et l’aspiration à un monde idéal, accessible par de mystérieuses correspondances.

C’est une nouvelle esthétique où l’art poétique apporte les sentiments humains, la vision lucide d’une réalité parfois triviale, et la plus ineffable beauté.

Avec  Les Fleur du mal, Baudelaire exercera une influence considérable sur les poètes : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud et Stéphane Mallarmé.

 

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