Avez-vous vu ?
Littérature française – Auteurs à connaître au bac de français
Voir aussi :
L’ÉCOLE EN LIGNE – BIBLIOTHÈQUE GRATUITE EN LIGNE, Assistance scolaire gratuite : Lycée, Collège, Primaire, Baccalauréat Littéraire, BAC de Français
Présentation
La Chanson de Roland est un poème épique et une chanson de geste du xie siècle, probablement écrite vers 1100. Elle est attribuée parfois, sans certitude, à Turold, car la dernière ligne du manuscrit dit : Ci falt la geste que Turoldus declinet.
On dit que La Chanson de Roland constitue le début de l’histoire littéraire.
La Chanson de Roland comporte 4 002 vers dans sa version la plus ancienne, et 9 000 dans un manuscrit de la fin du xiiie siècle.
Elle relate un événement historique qui s’est déroulé trois siècles plus tôt : le retour de l’armée de Charlemagne, après avoir rasé la ville chrétienne de Pampelune, et l’embuscade basque qui massacre l’arrière-garde de Charlemagne.
C’est une inspiration du combat fatal dans les Pyrénées du chevalier Roland, préfet de la Marche de Bretagne et de ses compagnons d’armes contre une force toujours identifiée avec difficulté, possiblement des Basques.
En pleine époque de conquêtes en Orient et en Espagne, il apparaît que la Chanson de Roland ait été composée avec en trame de fond l’évocation et le soutien aux croisades et à la guerre sainte.
Gaston Paris proposa la théorie « traditionaliste » : que la Chanson de Roland serait issue de cantilènes composées après la bataille, d’où certains anachronismes persistants dans la Chanson. Les siècles passés et l’évolution feraient qu’ils se fixent dans la forme de la chanson de geste que l’on connaît.
Jean Rychner propose que la Chanson est l’aboutissement d’une longue série d’œuvres, que ce soit des textes ou des œuvres transmises de manière orale, probablement créées après la bataille et sans cesse transformées.
Résumé
La Chanson de Roland a quatre parties :
- Partie qui va des laisses 1 à 79 dans la chanson.
La trahison de Ganelon, beau-frère de Charlemagne et beau-père de Roland, qui est jaloux de la préférence de Charlemagne envers son neveu auquel l’empereur a confié l’arrière-garde de ses armées. Il cherche à se venger et trahit la France et son suzerain. Il intrigue avec Marsile, roi de Saragosse, pour s’assurer de la mort de Roland en livrant l’arrière-garde à l’armée ennemie.
- Partie qui va des laisses 80 à 176.
Dans la bataille de Roncevaux, Roland, son compagnon le chevalier Olivier et toute l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne, meurent dans la bataille en emportant avec eux une grande partie de leurs assaillants.
- Partie qui va des laisses 177 à 266.
On parle de la vengeance de Charlemagne sur les Sarrasins. Roland avait sonné trop tard du cor pour alerter Charlemagne, et quand le reste des armées arrivent pour secourir l’arrière-garde, le comte est déjà mort. Charlemagne venge alors son neveu en battant les Sarrasins avec l’aide de Dieu.
- Partie qui va des laisses 267 à 291.
C’est le jugement de Ganelon : après la bataille, Charlemagne fait juger Ganelon qui est condamné à mourir écartelé.
Marsile, roi Maure convient d’un traité de paix avec Charlemagne. Ce dernier se demande qui sera envoyé comme émissaire à Marsile, qui a une grande réputation de traîtrise, et celui qui sera envoyé courra donc un grand danger. L’empereur refuse que ses chevaliers préférés prennent ce risque, et il décide enfin, sur la proposition de Roland, d’envoyer Ganelon. Mais Ganelon est corrompu et haineux envers Roland, et il décide de trahir Charlemagne. Marsile fera semblant de conclure la paix avec Charlemagne et Roland commandera l’arrière-garde. Les Sarrasins attaqueront alors par surprise l’arrière-garde isolée. Roland, le plus vaillant des chevaliers de Charlemagne, tue Ganelon et considère que l’armée de Charlemagne ne vaudra plus rien. Ganelon rejoint Charlemagne, qui se retire avec son armée. Roland prend comme prévu la direction de l’arrière-garde, tandis que Ganelon reste en compagnie de l’empereur.
Les Sarrasins attaquent Roland, et le preux Olivier, ami et confident de Roland, signale une troupe sarrasine approchant l’arrière-garde. Il demande à Roland de sonner du cor pour avertir Charlemagne.
Mais Roland avait un dicton qui disait : il faut toujours avancer et jamais reculer. Il préfère donc mourir en guerrier plutôt que de se déshonorer en appelant à l’aide.
Les hommes de Roland se battent contre une force commandée par Marsile vingt fois supérieure à la leur, et malgré la bravoure de ses hommes, l’arrière-garde de Charlemagne est exterminée. Lorsqu’il ne reste plus que soixante combattants, et après qu’Olivier est tombé, Roland fait sonner son olifant tellement fort qu’il « explose » car ses veines éclatent. Charlemagne, quant à lui, continue à s’éloigner avec le gros de l’armée, persuadé par Ganelon que le son du cor, qu’il entend, n’est pas un appel à l’aide.
Charlemagne finit par soupçonner le pire et chevauche vers le lieu de l’embuscade, pendant que tous les chevaliers de l’arrière-garde meurent, mais Roland et l’archevêque Turpin, blessés, arrivent à faire fuir l’armée maure avant de s’effondrer tous les deux.
Roland a encore la force d’essayer de briser son épée Durandal contre un bloc de marbre pour éviter qu’elle ne tombe entre les mains de l’ennemi, sans succès : la lame luit et flamboie sans s’ébrécher. Il s’allonge face à l’Espagne pour mourir et c’est alors que saint Michel, Chérubin et saint Gabriel emportent son âme vers le paradis.
Roland est mort et la bataille est terminée. L’armée de Marsile a subi de lourdes pertes, mais elle est renforcée par une immense armée représentant l’ensemble des peuples musulmans. Cette armée affronte l’armée de Charlemagne au cours d’une seconde bataille.
Charlemagne détruit l’armée sarrasine avant de retourner à Aix-la-Chapelle, où il doit apprendre la triste nouvelle à la belle Aude, sœur d’Olivier et fiancée de Roland, qui meurt sur le coup à cette annonce. Le jugement de Ganelon peut alors commencer. Le Conseil de Charlemagne le juge d’abord innocent et finalement son sort est remis à Dieu sous la forme d’un duel judiciaire : son champion étant vaincu, Ganelon est déclaré coupable, écartelé et sa famille pendue pour avoir pris son parti.
Les thèmes abordés
Le héros épique
L’idéal chevaleresque est un guerrier exemplaire avec un courage et une vaillance sans borne, sans fatigue et sans peur. Il a un sentiment d’honneur exacerbéet s’inscrit dans la lutte pour la chrétienté, prêt à écraser les infidèles.
Les croisades
La Chanson de Roland illustre l’esprit de la croisade : un idéal moral et la nécessité d’une guerre contre les païens. L’ivresse de la conquête territoriale est devenue une guerre sainte, et l’héroïsme est au service de Dieu.
La merveille
De nombreux éléments relèvent le merveilleux : l’épée Durendal contenant nombre de reliques – dent, sang, cheveux, vêtement, les prodiges météorologiques – la tempête mêlant grêle, vent et pluies diluviennes à la mort de Roland, ou l’intervention de Saint Gabriel qui obtient de Dieu la halte du soleil pour permettre la victoire.
Les personnages
– Roland, le héros de la Chanson, neveu de Charlemagne, héros épique connu pour ses exploits guerriers. Il se trouve à l’arrière-garde des troupes franques. Il est invincible dans la lutte, mais il meurt d’une blessure qu’il s’inflige lui-même, en sonnant du cor. Fervent chrétien, il fait bénie les cadavres de ses paris et implore le pardon de Dieu avant de mourir. Roland est connu pour être l’incarnation du courage et de la bravoure.
– Charlemagne, empereur des Francs et des peuples germaniques ; son armée combat les Sarrasins en Espagne. Il est un héros légendaire, fervent défenseur de la chrétienté : « Quiconque le voit et sait le connaître dit que l’empereur est un preux. J’aurais beau le vanter et le louer : il y a en lui plus d’honneur et de vertu que je ne saurais dire. Sa grande valeur, qui pourrait la conter ? Dieu l’a illuminé de tant de noblesse qu’il aimerait mieux mourir que d’abandonner ses barons. » (Laisse XL).
– Ganelon, seigneur traître qui encouragea Marsile à attaquer les Français. Blessé de ne pas être l’élu de Charlemagne, il met l’armée en péril pour voir Roland s’effondrer. Il sacrifie son honneur propre et trahit son empereu. Ganelon incarne le désir de pouvoir, la félonie et la traitrise envers les siens.
– Aude, fiancée de Roland et sœur d’Olivier.
– Marsile, roi maure de Saragosse ; Roland le blesse mortellement.
– L’ange Gabriel, ange commettant de nombreux miracles pour les Francs.
Postérité
La Chanson de Roland inspira très tôt plusieurs poèmes en Europe. Par exemple, le poète Matteo Maria Boiardo composa un Roland amoureux au xve siècle, et L’Arioste en fit une suite, sous le titre de Roland furieux (« Orlando furioso »). En 1946, Luigi Dallapiccola composa une œuvre pour chant et piano, « Rencesvals » (Roncevaux), d’après trois fragments du texte original.
Lecture audio
Fragments de la deuxième partie
La Mort de Roland
« Olivier est monté sur une hauteur :
Il regarde à droite parmi le val herbu,
Et voit venir toute l’armée païenne.
Il appelle son compagnon Roland :
Ah ! dit-il, du côté de l’Espagne, quel bruit j’entends venir !»
***
« Olivier dit : « Païens ont grande force,
Et nos Français, ce semble, en ont bien peu.
Ami Roland, sonnez de votre cor :
Charles l’entendra, et fera retourner son armée.
— Je serais bien fou, répond Roland ;
Dans la douce France, j’en perdrais ma gloire.
Non, mais je frapperai grands coups de Durendal ;
Le fer en sera sanglant jusqu’à l’or de la garde.
Félons païens furent mal inspirés de venir aux défilés :
Je vous jure que, tous, ils sont jugés à mort ! »
***
« Roland regarde Olivier au visage…
Il est pâle, il est livide, il est décoloré,
Son beau sang clair lui coule parmi le corps,
Les ruisseaux en tombent par terre :
Dieu ! dit Roland, que puis-je faire ?
Votre courage, ami, fut bien malheureux aujourd’hui ;
Mais on ne verra jamais homme de votre valeur.
Ô douce France ! tu vas donc être veuve
De tes meilleurs soldats ; tu seras confondue, tu tomberas.
L’Empereur en aura grand dommage.
À ce mot, Roland, sur son cheval, se pâme.»
***
« Le comte Roland, quand il voit morts tous ses pairs
Et Olivier, celui qu’il aimait tant,
Il en a de la tendreur dans l’âme ; il se met à pleurer ;
Tout son visage en est décoloré.
Sa douleur est si forte qu’il ne peut se soutenir ;
Bon gré, mal gré, il tombe en pâmoison ;
Et l’Archevêque : « Quel malheur, dit-il, pour un tel baron ! »
***
« Il est là gisant sous un pin, le comte Roland ;
Il a voulu se tourner du côté de l’Espagne.
Il se prit alors à se souvenir de plusieurs choses :
De tous les royaumes qu’il a conquis,
Et de douce France, et des gens de sa famille,
Et de Charlemagne, son seigneur qui l’a nourri ;
Il ne peut s’empêcher d’en pleurer et de soupirer.
Mais il ne veut pas se mettre lui-même en oubli,
Et, de nouveau, réclame le pardon de Dieu :
Ô notre vrai Père, dit-il, qui jamais ne mentis,
Qui ressuscitas saint Lazare d’entre les morts
Et défendis Daniel contre les lions,
Sauve, sauve mon âme et défends-la contre tous périls,
À cause des péchés que j’ai faits en ma vie.
Il a tendu à Dieu le gant de sa main droite :
Saint Gabriel l’a reçu.
Alors sa tête s’est inclinée sur son bras,
Et il est allé, mains jointes, à sa fin.
Dieu lui envoie un de ses anges chérubins
Et saint Michel du Péril.
Saint Gabriel est venu avec eux :
L’âme du comte est emportée au Paradis… »
Assistance scolaire gratuite, Collège, Primaire, Littérature, Lycée, Résumé, Baccalauréat Littéraire, BAC de Français, Commentaire, Dissertation, Lecture analytique