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Littérature française – Auteurs à connaître au bac de français
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Voltaire, esprit des Lumières
Voltaire (François-Marie Arouet, 1694 – 1778) est un écrivain, philosophe et homme d’affaires français qui a marqué le XVllle siècle.
Il est le représentant le plus connu de la philosophie des Lumières, un personnage complexe, non dénué de contradictions.
Voltaire marque son époque et son influence est décisive sur les classes fortunées libérales avant la Révolution française.
Son œuvre comprend sa production théâtrale, ses longs poèmes épiques, ses œuvres historiques et pamphlétaires, mais aussi des contes, notamment Candide ou l’Optimisme, des Lettres philosophiques, le Dictionnaire philosophique et une correspondance monumentale.
La Révolution française voit en lui comme en Rousseau un précurseur.
Le déisme
Voltaire était étranger à tout dogmatisme religieux. Il se refuse toutefois à l’athéisme d’un Diderot ou d’un d’Holbach et ne cessa de répéter son fameux distique :
L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger.
(Les Cabales. 1772)
Selon Voltaire, l’ordre de l’univers peut nous amener à constater l’existence d’un « éternel géomètre ».
Son déisme correspond à un théisme philosophique, et dans Candie, il dénonce comme dérisoire le providentialisme et repose cette question formulée dès saint Augustin : « Pourquoi existe-t-il tant de mal, tout étant formé par un Dieu que tous les théistes se sont accordés à nommer bon ? ».
Voltaire et l’esclavagisme
Voltaire était opposé à l’image du « bon sauvage » des pays équatoriaux, ou que l’homme est « bon » à l’état de nature, image promue par Jean-Jacques Rousseau ou Denis Diderot.
Voltaire considère que les hommes noirs sont des « animaux humains » comme le sont aussi les hommes blancs, et que, si les Africains sont victimes de l’Européen, c’est parce que les chefs nègres collaborent activement avec les marchands européens pour leur vendre des esclaves africains.
Voltaire a fermement condamné l’esclavagisme. Le texte le plus célèbre est la dénonciation des mutilations de l’esclave de Suriname dans Candide.
Œuvres principales
Lettres philosophiques (1734)
Zadig ou la Destinée (1748)
Candide ou l’Optimisme (1759)
Dictionnaire philosophique (1764)
L’Ingénu (1767)
La Princesse de Babylone, conte philosophique
La Princesse de Babylone est un conte philosophique qui s’inscrit dans la philosophie des Lumières, écrit par Voltaire en 1768, et qui met en scène deux amants : la princesse de Babylone – Formosante, et le berger Amazan.
Ils sont séparés et se recherchent en Asie et en Europe, à travers plusieurs mésaventures.
Dans ce conte, grâce à l’humour, Voltaire fait passer ses idées et critiques sur la religion, la condition humaine et les différentes sociétés du temps.
Résumé
La princesse de Babylone s’appelle Fermosante. Son père veut lui trouver un époux digne d’elle, en lançant un défi. Pour cela, toute la noblesse de l’époque vient au palais. On y trouve le pharaon d’Égypte et son bœuf Apis, le roi des Indes et le grand khan des Scythesa.
Parmi eux, on voit Amazan, un inconu élevé par des bergers.
Il vient du pays utopique des Gangarides, un modèle de justice, de paix et d’égalité.
Amazan est porté par des licornes et escorté d’un phénix, et il tombe éperdument amoureux de la princesse. Le coup de foudre est réciproque.
Après avoir appris la mort de son père, Amazan retourne dans son pays. Ici, un merle lui apprend qu’il a vu la princesse Formosante embrasser le roi d’Égypte. Amazan décide de parcourir le monde afin de se distraire de son malheur.
Formosante se trouve également au comble du désespoir, car il ne s’agissait que d’un malentendu : elle avait embrassé le roi d’Égypte uniquement dans le but de le fuir.
Formosante part à la recherche de son bien-aimé, avec l’aide du phénix, et parcourt l’Europe et l’Asie. Elle observe ainsi les coutumes, les régimes politiques et les pratiques religieuses.
Les amoureux se retrouveront quand Amazan sauve Formosante des griffes de l’Inquisition espagnole.
Thèmes
Dans ce conte philosophique, Voltaire fait une critique acerbe des régimes politiques, dont il pointe les défaillances et les manques, mais aussi des religions, notamment la religion catholique.
Par exemple, le pape qui est appelé le „vieux des sept montagnes”, exige des rites ridicules :
„Vous ferez trois génuflexions et vous baiserez les pieds du Vieux des sept montagnes”.
Le conte est aussi un apologue démontrant que l’infidélité est inévitable. Comme ça, même Amazan, jeune homme réputé parfait, succombe à la faute.
Le pays des Gangarides est un lieu utopique et parfait, qui se trouve sur la rive orientale du Gange.
Dans ce pays, chacun est en paix avec lui-même et les autres habitants, on ne tue jamais les animaux et on les respecte. Ici, tuer et manger les animaux est considéré comme un crime horrible.
Un roi des Indes, venu envahir le pays, guérit par le pacifisme du peuple.
Voltaire commence à s’intéresser avec constance au végétarisme, et diverses lectures sont en lien avec cette affirmation « pythagoricienne » de la part du philosophe : le testament de Jean Meslier, l’Émile de Jean-Jacques Rousseau, le Traité de Porphyre, touchant l’abstinence de la chair des animaux, ainsi que de nombreux ouvrages sur l’hindouisme.
Voltaire refusait de voir les êtres humains comme supérieurs aux autres espèces animales. Cela correspond à son rejet des religions abrahamiques – où l’animal est le plus souvent considéré comme inférieur à l’homme, et de la doctrine des « animaux-machines » du Discours de la méthode de René Descartes — qu’il déteste, et considère comme étant la « vaine excuse de la barbarie » permettant de dédouaner l’homme de tout sentiment de compassion face à la détresse animale.
Dans La Princesse de Babylone, Voltaire fait dire à un oiseau que les animaux ont « une âme », tout comme les hommes.
Postérité
« Mlle de la Mole avait le secret de voler des livres dans la bibliothèque de son père, sans qu’il y parût. La présence de Julien rendait inutile sa course de ce matin, ce qui la contraria d’autant plus qu’elle venait chercher le second volume de La Princesse de Babylone de Voltaire, digne complément d’une éducation monarchique et religieuse, chef-d’œuvre du Sacré-Cœur ! Cette pauvre fille, à dix-neuf ans, avait déjà besoin du piquant de l’esprit pour s’intéresser à un roman. »
Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830
Voltaire n’attribuait à ses contes qu’une faible importance. Aujourd’hui les contes sont la partie de son œuvre la plus lue.
« C’est là que l’on retrouve, aussi libre que dans sa correspondance, l’esprit de Voltaire » disait René Pomeau.
Les contes de Voltaire font partie des textes incontournables du XVllle siècle et occupent une place de choix au sein de la culture française, par exemple : le Songe de Platon, Micromégas, Le Monde comme il va, Zadig, Les Deux Consolés, Candide, l’Histoire d’un bon bramin, Jeannot et Colin, L’Ingénu, L’Homme aux quarante écus, Le Taureau blanc, Les Dialogues d’Evhémère, La Princesse de Babylone.
Lecture audio
CHAPITRE I.
DESCRIPTION DU PALAIS DU ROI DE BABYLONE, PÈRE DE LA BELLE BABYLONIENNE. PORTRAIT DE CETTE INCOMPARABLE BEAUTÉ. ORACLE QUI ORDONNE SON MARIAGE, ET À QUELLES CONDITIONS. TROIS ROIS SE PRÉSENTENT POUR L’OBTENIR. ARRIVÉE D’UN QUATRIÈME PRÉTENDANT.
Le vieux Bélus, roi de Babylone, se croyait le premier homme de la terre : car tous ses courtisans le lui disaient, et ses historiographes le lui prouvaient. Ce qui pouvait excuser en lui ce ridicule, c’est qu’en effet ses prédécesseurs avaient bâti Babylone plus de trente mille ans avant lui, et qu’il l’avait embellie. On sait que son palais et son parc, situés à quelques parasanges de Babylone, s’étendaient entre l’Euphrate et le Tigre, qui baignaient ces rivages enchantés. Sa vaste maison, de trois mille pas de façade, s’élevait jusqu’aux nues. La plate-forme était entourée d’une balustrade de marbre blanc de cinquante pieds de hauteur, qui portait les statues colossales de tous les rois et de tous les grands hommes de l’empire. Cette plate-forme, composée de deux rangs de briques couvertes d’une épaisse surface de plomb d’une extrémité à l’autre, était chargée de douze pieds de terre, et sur cette terre on avait élevé des forêts d’oliviers, d’orangers, de citronniers, de palmiers, de girofliers, de cocotiers, de cannelliers, qui formaient des allées impénétrables aux rayons du soleil.
Les eaux de l’Euphrate, élevées par des pompes dans cent colonnes creusées, venaient dans ces jardins remplir de vastes bassins de marbre, et, retombant ensuite par d’autres canaux, allaient former dans le parc des cascades de six mille pieds de longueur, et cent mille jets d’eau dont la hauteur pouvait à peine être aperçue : elles retournaient ensuite dans l’Euphrate, dont elles étaient parties. Les jardins de Sémiramis, qui étonnèrent l’Asie plusieurs siècles après, n’étaient qu’une faible imitation de ces antiques merveilles : car, du temps de Sémiramis, tout commençait à dégénérer chez les hommes et chez les femmes.
Mais ce qu’il y avait de plus admirable à Babylone, ce qui éclipsait tout le reste, était la fille unique du roi, nommée Formosante. Ce fut d’après ses portraits et ses statues que dans la suite des siècles Praxitèle sculpta son Aphrodite, et celle qu’on nomma la Vénus aux belles fesses. Quelle différence, ô ciel ! de l’original aux copies ! Aussi Bélus était plus fier de sa fille que de son royaume. Elle avait dix-huit ans : il lui fallait un époux digne d’elle ; mais où le trouver ? Un ancien oracle avait ordonné que Formosante ne pourrait appartenir qu’à celui qui tendrait l’arc de Nembrod. Ce Nembrod, le fort chasseur devant le Seigneur, avait laissé un arc de sept pieds babyloniques de haut, d’un bois d’ébène plus dur que le fer du mont Caucase, qu’on travaille dans les forges de Derbent ; et nul mortel, depuis Nembrod, n’avait pu bander cet arc merveilleux.
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