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Désir (Alphonse de Lamartine)

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Alphonse de Lamartine

Alphonse de Lamartine

 

Alphonse de Lamartine

 

Ah ! si j’avais des paroles,
Des images, des symboles,
Pour peindre ce que je sens !
Si ma langue, embarrassée
Pour révéler ma pensée,
Pouvait créer des accents !

Loi sainte et mystérieuse !
Une âme mélodieuse
Anime tout l’univers ;
Chaque être a son harmonie,
Chaque étoile son génie,
Chaque élément ses concerts.

Ils n’ont qu’une voix, mais pure,
Forte comme la nature,
Sublime comme son Dieu ;
Et, quoique toujours la même,
Seigneur, cette voix suprême
Se fait entendre en tout lieu.

Quand les vents sifflent sur l’onde,
Quand la mer gémit ou gronde,
Quand la foudre retentit,
Tout ignorants que nous sommes,
Qui de nous, enfants des hommes,
Demande ce qu’ils ont dit ?

L’un a dit : « Magnificence ! »
L’autre : « Immensité ! puissance ! »
L’autre : « Terreur et courroux ! »
L’un a fui devant sa face,
L’autre a dit : « Son ombre passe :
Cieux et terre, taisez-vous ! »

Mais l’homme, ta créature,
Lui qui comprend la nature,
Pour parler n’a que des mots,
Des mots sans vie et sans aile,
De sa pensée immortelle
Trop périssables échos !

Son âme est comme l’orage
Qui gronde dans le nuage
Et qui ne peut éclater,
Comme la vague captive
Qui bat et blanchit sa rive
Et ne peut la surmonter.

Elle s’use et se consume
Comme un aiglon dont la plume
N’aurait pas encor grandi,
Dont l’œil aspire à sa sphère,
Et qui rampe sur la terre
Comme un reptile engourdi.

Ah ! ce qu’aux anges j’envie
N’est pas l’éternelle vie,
Ni leur glorieux destin :
C’est la lyre, c’est l’organe
Par qui même un cœur profane
Peut chanter l’hymne sans fin !

Quelque chose en moi soupire,
Aussi doux que le zéphyr
Que la nuit laisse exhaler,
Aussi sublime que l’onde,
Ou que la foudre qui gronde ;
Et mon cœur ne peut parler !

Océan, qui sur tes rives
Épands tes vagues plaintives,
Rameaux murmurants des bois,
Foudre dont la nue est pleine,
Ruisseaux à la molle haleine,
Ah ! si j’avais votre voix !

Si seulement, ô mon âme,
Ce Dieu dont l’amour t’enflamme
Comme le feu, l’aquilon,
Au zèle ardent qui t’embrase
Accordait, dans une extase,
Un mot pour dire son nom !

Son nom, tel que la nature
Sans parole le murmure,
Tel que le savent les deux ;
Ce nom que J’aurore voile,
Et dont l’étoile à l’étoile
Est l’écho mélodieux ;

Les ouragans, le tonnerre,
Les mers, les feux et la terre,
Se tairaient pour l’écouter ;
Les airs, ravis de l’entendre,
S’arrêteraient pour l’apprendre,
Les deux pour le répéter.

Ce nom seul, redit sans cesse,
Soulèverait ma tristesse
Dans ce vallon de douleurs ;
Et je dirais sans me plaindre :
« Mon dernier jour peut s’éteindre,
J’ai dit sa gloire, et je meurs ! »

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