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Edmond Michon – Les tableaux

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Edmond MichonEdmond Michon – Les tableaux

Les tableaux prenaient un ton gris, étrangement gris. Un assombrissement des tons presqu’inexorable. Que ce soient les gouaches, les huiles, les aquarelles ou toute autre œuvre qu’il put réaliser dans son atelier ou dehors en pleine nature, y compris par journée ensoleillée. Les bois devenaient profonds et obscurs, la mer n’était qu’une étendue grise, aussi grise que pouvait l’être le ciel, ou encore un océan en furie qui crachait son écume à longueur de plages et de côtes rocheuses. Les tournesols perdaient leur aspect doré. Les fleurs sauvages, trésor inédit, se recroquevillaient. Les sommets gagnés soudainement par des brouillards, n’offraient à la vue que des masses granitiques identiques aux pierres de remparts moyenâgeux, mornes, taciturnes.
Etrangement, ces œuvres ne représentaient qu’une certaine réalité sur laquelle nous aurions pu croire que l’injustice pouvait brouiller la vue et l’esprit d’un artiste, avant tout être humain sensible. Et ce sentiment créait en lui une dynamique qu’il ne contrôlait plus, il plongeait dan une morosité qui le faisait souffrir. Un saut presque suicidaire dans un bassin dont il ignorait son contenu. Cet abandon de soi lui paraissait finalement inexorable, presque fatal, comme une fleur qui fane naturellement. Son état mental était au plus bas. Ses œuvres morbides étaient une conséquence du monde qui l’entourait. Un monde d’injustices, de violence, d’intolérance, d’inhumanité où les droits de l’Homme comme sur un tableau noir auraient été effacés !
Mais l’indicible a une limite, celle où l’être humain, exaspéré par tant d’injustices et d’atrocités ne peut plus le supporter car son corps, son âme font un rejet identique à celui que peut effectuer un patient à qui l’on vent d’implanter un nouvel organe.
Le monde qui l’entourait connut une série de modifications, positives pour l’être humain et celles-ci changèrent immédiatement le mental de notre artiste. Il redevint optimiste. Ses œuvres regagnèrent en lumière, en couleur et des lignes directrices pouvaient guider ses gestes artistiques. Il prêchait auprès de ses admirateurs une vision nouvelle de son travail car il se sentait porter par son environnement.
Mai son ami, qui le suivit tout au long de ce passage difficile en tira une leçon. Il avait remarqué que cet artiste, son ami, avait été vaincu par la force des éléments que la réalité lui avaient imposé.
Il en conclut que devant l’oppression, l’art et par conséquent l’artiste, devaient être plus forts, et qu’ils devaient la combattre alors que celle-ci détruisait la notion d’être humain.
L’art, au sens large, acteur social permanent, n’est pas seulement une activité de création de circonstance axée sur l’individu et la nature. Elle est, et sera toujours une arme de création, autrement dit, une arme de combat.

Edmond Michon, tous droits réservés

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