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Littérature française – Auteurs à connaître au bac de français
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Émile Zola (né le 2 avril 1840 à Paris et mort le 29 septembre 1902) est un écrivain français, considéré le chef de file du naturalisme, l’un des romanciers français les plus publiés et traduits dans le monde entier.
Il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations.
Les dernières années de sa vie sont marquées par l’affaire Dreyfus et la publication en janvier 1898, dans le quotidien L’Aurore, de l’article intitulé « J’accuse… ! » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres.
Les Rougon-Macquart
« Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d’êtres, se comporte dans une société, en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d’œil, profondément dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. L’hérédité a ses lois, comme la pesanteur. »
Émile Zola, préface de La Fortune des Rougon.
À partir de 1868, Émile Zola conçoit le projet d’une Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire, dont l’idée lui vient de sa passion pour Honoré de Balzac. La Bibliothèque nationale conserve d’ailleurs un texte contemporain de l’initialisation des Rougon-Macquart, intitulé : « Différences entre Balzac et moi », dans lequel le jeune écrivain exprime sa volonté de bien se distinguer de son prédécesseur.
La Curée
La Curée est un roman d’Émile Zola paru en 1871, le deuxième volume de la série Les Rougon-Macquart. Zola parle la vie débauchée de Paris au Second Empire, qu’il résume en ce groupe binaire « l’or et la chair ».
Résumé
Aristide Rougon, dit Saccard, va faire une rapide fortune en spéculant sur les futurs terrains à bâtir à l’époque des grands travaux menés à Paris par le baron Haussmann.
Eugène Rougon a fait carrière en politique grâce à son soutien à Napoléon III, et il est ministre. Son frère Aristide commence en bas de l’échelle par un modeste emploi.
Aristide a une femme qui s’appelle Angèle, une fille, Clotilde, placée chez son frère, le docteur Pascal Rougon, et un fils, Maxime, mis en pension. Ils habitent un modeste appartement de deux pièces.
Eugène aide son frère à obtenir un emploi à la mairie de Paris. Cela lui permet d’avoir accès à tous les plans des travaux d’Haussmann. Sa femme meurt et il se marie, par intérêt, à une jeune fille nommée Renée Béraud du Châtel, dont la fortune lui avait permis de se lancer dans la spéculation. Ayant pris le nom d’Aristide Saccard, il peut participer à la « curée », le dépeçage de Paris par les spéculateurs, et comme ça, il accumule rapidement une grande fortune en achetant à bas prix des immeubles entiers, dont il sait qu’ils seront bientôt rachetés à prix d’or par la ville, qui souhaite les détruire afin de construire les futurs grands boulevards de la capitale.
Aristide ne refuse aucune dépense pour ses proches et a besoin de toujours plus d’argent. Il accumule les échecs spéculatifs et escroque sans aucun scrupule sa propre femme Renée, qui possède un important capital immobilier.
Chacun des deux époux a de nombreux amants sans que cela gêne l’autre. Un jour, Renée, comme une nouvelle Phèdre, tombe amoureuse de Maxime, le fils du Saccard de son premier mariage.
Saccard connait cette relation mais il n’est pas vraiment affecté.
Renée reste abandonnée par Maxime, dépossédée de sa fortune par Aristide, et sombre dans la folie avant de mourir d’une méningite.
Personnages
Aristide Rougon dit Saccard est le personnage principal. Il est le frère cadet d’Eugène Rougon, qu’il admire. Opportuniste, il change de camp au moment du coup d’État et soutient le parti de ses parents, assistant sans intervenir au meurtre par un gendarme de son cousin Silvère, jeune insurgé politique idéaliste. Aristide Rougon change de nom pour celui de Saccard, pour ne pas compromettre son frère en cas de découverte de ses malversations,mais aussi car « il y a de l’argent dans ce nom là ; on dirait que l’on compte les pièces de cent sous ». Son frère lui trouve une place à l’Hôtel de ville, ce qui lui permet de prendre part à la curée, via des spéculations relatives à la vente d’immeubles et de terrains parisiens. Il se remarie avec Renée Béraud du Châtel, riche héritière à qui il volera discrètement son argent et ses biens. Devenu une grande fortune de Paris, il réapparaît par la suite dans L’Argent.
Renée Saccard – fille d’un ancien magistrat ayant démissionné après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, violée par un homme de quarante ans quand elle sortait d’un couvent. Elle tombe enceinte et à la recherche d’un homme acceptant de se faire passer pour le père de l’enfant, elle trouve Aristide Saccard. Mais Renée fait une fausse couche, ce qui permet à Aristide de cumuler les avantages dans le monde : une belle épouse, un grand nom, une grande fortune et de belles propriétés, sans les partager avec un héritier.
Renée mène une vie de luxe insolent et cherche à satisfaire son désir de vices et de plaisirs. Elle fait de Maxime son amant, mais lorsque Maxime la quitte pour se marier à Louise, elle sombre dans le chagrin et finit par mourir d’une méningite.
Maxime Rougon – le fils d’Aristide et d’Angèle Rougon, élevé par sa grand-mère, Félicité Rougon. Il est l’archétype de l’homme-femme, symbole de la décadence de la haute société impériale, le fils de parvenu parisien du Second Empire vivant des rentes de ses parents. Il aime les femmes et va même jusqu’à avoir une relation avec Renée.
Sidonie Rougon – la sœur d’Aristide Rougon, appellée Mme Sidonie. Doucereuse et vêtue d’une éternelle robe noire, elle dirige un commerce douteux et vit de l’embarras des autres. Comme toute la branche des Rougon, elle est animée d’une soif de l’argent. Elle propose à Saccard de se marier avec Renée, alors que sa précédente femme, Angèle, agonise encore dans une autre chambre.
Angèle Rougon née Sicardot, calme et douce, est la première femme d’Aristide Rougon. À sa mort, des suites d’une maladie foudroyante, elle comprend les plans de remariage de son mari, mais semble lui pardonner cette cruauté.
Eugène Rougon – frère d’Aristide et Ministre du Second Empire, il est le personnage principal de Son Excellence Eugène Rougon.
Clotilde Rougon – la fille d’Aristide et Angèle Saccard, qui réapparaît dans Le Docteur Pascal.
Louise de Mareuil – une très riche héritière, fiancée à Maxime et puis l’épouse, elle finit sa vie en Italie avec son jeune mari, dans la première année de son mariage.
Analyse
La Curée est l’histoire d’un parvenu désireux de réussir à tout prix, qui y parviendra d’une triple manière :
– la trahison et l’opportunisme qui vont jusqu’à la mort, y compris d’un parent en principe aimé : changeant de casquette lorsqu’il sent tourner le vent en faveur de Napoléon III, il laissera fusiller son cousin sans intervenir, donnant ainsi des gages au nouveau pouvoir qu’il a rallié in extremis.
– la corruption : il spécule ensuite sur des biens qui vont lui être rachetés dix fois le prix qu’il les a payés, usant des informations d’un ministre frère et complice.
– l’exploitation de riches personnages futiles, établis dans la société et finalement désarmés, présentés comme décadents et naïfs, les femmes en premier. Alors que sa propre épouse, gravement malade, n’est pas encore morte, il va même se marier avec une jeune, belle et riche aristocrate, unique héritière d’une fortune.
On y voit la fragilité des classes dominantes engluées dans des positions morales rigides, inadéquates et mortifères, dont les femmes font les frais en tout premier lieu. Le père n’ignore rien de ce que vaut Saccard et des raisons qui le fondent à épouser Renée, et l’accepte tout de même, la sacrifiant ainsi pour ce qu’il croit être l’honneur de son nom. Renée s’étourdira ensuite par une vie futile et dispendieuse et quelques amants de la même veine, dans l’indifférence d’un mari qui ne l’aime pas. Il a accaparé tout son argent sans qu’elle n’en sache rien, et elle tombera follement amoureuse de son propre beau-fils, un être totalement dépendant d’un père qui a tout pouvoir sur lui. Son père a mariée Renée de force, après un viol, avec un homme qui n’en voulait qu’à sa position et sa dot. Maxime lui cède et ce sont quelques instants de gaieté et de bonheur.
Quand Saccard découvre l’adultère, il sait en tirer profit et bénéfice. Il est désireux de se débarrasser d’une femme encombrante qui risque de le dénoncer, car sa dot, déjà investie dans ses affaires, se trouve à ce moment au creux de la vague et ne peut la rembourser. Il va utiliser son fils, en lui faisant miroiter un riche mariage avec une jeune fille infirme. Désespérée par la trahison du seul homme qu’elle ait aimé, Renée sombrera alors dans la folie et mourra de douleur et d’une méningite.
Maxime est marié, mais sa jeune épouse ne vivra pas longtemps, et comme ça, la fortune de Saccard est une fois de plus sauvée par les femmes et les affaires.
LECTURE AUDIO
Émile Zola
La Curée (1871)
CHAPITRE I
Au retour, dans l’encombrement des voitures qui rentraient par le bord du lac, la calèche dut marcher au pas. Un moment, l’embarras devint tel, qu’il lui fallut même s’arrêter.
Le soleil se couchait dans un ciel d’octobre, d’un gris clair, strié à l’horizon de minces nuages. Un dernier rayon, qui tombait des massifs lointains de la cascade, enfilait la chaussée, baignant d’une lumière rousse et pâlie la longue suite des voitures devenues immobiles. Les lueurs d’or, les éclairs vifs que jetaient les roues semblaient s’être fixés le long des rechampis jaune paille de la calèche, dont les panneaux gros bleu reflétaient des coins du paysage environnant. Et, plus haut, en plein dans la clarté rousse qui les éclairait par derrière, et qui faisait luire les boutons de cuivre de leurs capotes à demi pliées, retombant du siège, le cocher et le valet de pied, avec leur livrée bleu sombre, leurs culottes mastic et leurs gilets rayés noir et jaune, se tenaient raides, graves et patients, comme des laquais de bonne maison qu’un embarras de voitures ne parvient pas à fâcher. Leurs chapeaux, ornés d’une cocarde noire, avaient une grande dignité. Seuls, les chevaux, un superbe attelage bai, soufflaient d’impatience.
— Tiens, dit Maxime, Laure d’Aurigny, là-bas, dans ce coupé… Vois donc, Renée.
Renée se souleva légèrement, cligna les yeux, avec cette moue exquise que lui faisait faire la faiblesse de sa vue.
— Je la croyais en fuite, dit-elle… Elle a changé la couleur de ses cheveux, n’est-ce pas ?
— Oui, reprit Maxime en riant, son nouvel amant déteste le rouge.
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