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François Rabelais, Gargantua et Pantagruel – L’abbaye de Thélème – Lecture audio, Analyse, Résumé, Commentaire littéraire

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François Rabelais, érudit de la Renaissance

François Rabelais est un écrivain français humaniste de la Renaissance.

Les multiples facettes de sa personnalité semblent parfois contradictoires : ecclésiastique et anticlérical, chrétien et libre penseur, médecin et bon vivant.

François Rabelais est un érudit de la Renaissance, versé aussi bien dans la médecine que dans le droit ou la philosophie. Il témoigne dans son œuvre d’une curiosité insatiable et fait l’éloge du savoir, illustre représentant du « vrai pays et abysme de encyclopédie ».

Ses romans font la part belle aux discussions érudites, aux étalages de sources et aux querelles savantes. L’admiration des Anciens le pousse à multiplier les allusions à l’histoire ou la mythologie antique, celle-ci intégrée de manière vivante à la quête pantagruélique. Sa connaissance du latin classique, du grec et de l’hébreu, témoigne de son appartenance à l’humanisme. Il recommande ainsi Cicéron comme modèle et révèle un goût prononcé pour Pline l’Ancien, Plutarque et Ovide.

Sur la permanence du Moyen Âge : Rabelais est un Homme de la Renaissance, et il apparaît à première vue comme un contempteur des temps médiévaux qui « avoient mis à destruction toute bonne litterature », mais son œuvre reste néanmoins imprégnée de cet héritage. La critique de la scolastique médiévale telle qu’elle se présente dans Gargantua existe déjà au xiie siècle et démontre que l’écrivain en maîtrise les codes et techniques de discours. Des théories médiévales s’accordent avec les conceptions pédagogiques, politiques ou religieuses qui se dégagent de son roman.

Rabelais est l’un des premiers romanciers modernes. Son œuvre participe à la redéfinition du genre romanesque par son caractère polyphonique, accordant une place importante au narrateur et intégrant dans sa composition de multiples traditions littéraires pour mieux les détourner. La polyphonie comprend également l’intégration de multiples genres dans le récit : des historiettes facétieuses, des anecdotes relevant aussi bien de l’exemplum médiéval que de l’allusion antique, la fable aux implications éducatives ou aux connotations paillardes, plusieurs formes de poèmes.

Rabelais est pris dans la tourmente religieuse et politique de la Réforme. Il se montre à la fois sensible et critique vis-à-vis des grandes questions de son temps. Par la suite, les regards portés sur sa vie et son œuvre ont évolué selon les époques et les courants de pensée.

Rabelais est admirateur d’Érasme. Maniant la parodie et la satire, il lutte en faveur de la tolérance, de la paix, d’une foi évangélique et du retour au savoir de l’Antiquité gréco-romaine, par-delà ces « ténèbres gothiques » qui caractérisent selon lui le Moyen Âge, reprenant les thèses de Platon pour contrer les dérives de l’aristotélisme. Il s’en prend aux abus des princes et des hommes d’Église, et leur oppose d’une part la pensée humaniste évangélique, d’autre part la culture populaire, paillarde, « rigolarde », marquée par le goût du vin et des jeux, manifestant ainsi une foi chrétienne humble et ouverte, loin de toute pesanteur ecclésiastique.

Le réquisitoire qu’il fait à l’encontre des théologiens de la Sorbonne et ses expressions crues, parfois obscènes, lui attirent les foudres de la censure des autorités religieuses. Il partage avec le protestantisme la critique de la scolastique et du monachisme, mais le réformateur religieux Jean Calvin s’en prend également à lui.

Il écrit Pantagruel (1532) et Gargantua (1534), œuvres majeures qui tiennent à la fois de la chronique, du conte avec leurs personnages de géants, de la parodie héroï-comique, de l’épopée et du roman de chevalerie, et qui préfigurent le roman réaliste, satirique et philosophique. Ses livres sont considérées comme une des premières formes du roman moderne.

L’œuvre

L’œuvre de Rabelais se compose de cinq livres : le premier a le titre Gargantua, et les quatre autres Pantagruel, dont le titre complet est : La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel. Jadis composée par M. Alcofribas (le pseudonyme Alcofribas Nasier est l’anagramme de François Rabelais) abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme, ou plus simplement Gargantua. Gargantua a été écrit après Pantagruel mais placé en premier par Rabelais.

Grandgousier, Gargantua et Pantagruel sont des rois et des géants qui règnent en Utopie, près de Chinon.

Rabelais raconte leur enfance et fait le procès à l’éducation qu’on donnait de son temps. On va apprécier en Rabelais le penseur sérieux qui est en avance sur son siècle.

Grandgousier est un roi paisible, attaqué par le roi Picrochole. Pour conserver la paix, le roi d’Utopie est forcé d’avoir recours aux armes. Picrochole est battu, mais le vainqueur, loin d’abuser de sa victoire, respecte le territoire ennemi et rend la liberté aux prisonniers sans rançon. C’était une protestation contre les horreurs et les injustices de la guerre.

Le moine frère Jean des Entomeures est l’un des plus vaillants champions de l’armée de Grandgousier. Il s’arme du bois de la croix, met son froc en écharpe et tombe à bras raccourci sur les pillards et en laisse sur le terrain « treize mille six cents vingt-deux, sans les femmes et petits enfants, cela s’entend toujours ».

Pour récompenser le moine, Gargantua lui offre une abbaye qu’il a préservée du pillage. Frère Jean refuse, mais il demande de fonder une abbaye à son gré. C’est la fameuse abbaye de Thélème, véritable paradis terrestre ou règne la liberté absolue, la joie, l’étude, les honnêtes délassements, et sur la porte est gravée la devise : Fais ce que tu voudras. On y entre et on en sort à volonté.

C’était le rêve d’un ami de l’humanité.

Pantagruel

Le livre Pantagruel raconte sur un mode burlesque la vie du héros éponyme, reprenant la trame des romans de chevalerie : naissance, éducation, aventure, guerres. Pantagruel est le fils géant de Gargantua et de Badebec.

Après une enfance placée sous le signe d’une faim insatiable et d’une force démesurée, il entreprend le tour des universités françaises.

À Paris, l’épisode fameux de la librairie Saint-Victor écorne les adversaires des humanistes, au travers d’un catalogue imaginaire.

La lettre de Gargantua rend un hommage vibrant à la renaissance du savoir par-delà le Moyen Âge, exhortant son fils à devenir un « abysme de science ».

Panurge est le fidèle compagnon de Pantagruel. Il vient avec les farces cruelles, les tours pendables et les bouffonneries.

Les Dipsodes, gouvernés par le roi Anarche, envahissent l’Utopie sur lequel règne Gargantua. Pantagruel part en guerre. Lui et ses compagnons triomphent de leurs ennemis par des ruses invraisemblables : piège de cordes pour faire chuter les cavaliers, livraison d’euphorbe et de « coccognide » pour assoiffer l’ennemi contraint de boire, puis Pantagruel triomphe de Loup Garou et de trois cents géants et prend possession des terres des Dipsodes.

Gargantua

Gargantua, longtemps jugé mieux construit que Pantagruel, s’en démarque moins par une supériorité stylistique que par son didactisme plus prononcé. Dans son célèbre prologue, l’auteur avertit ses lecteurs de ne point s’arrêter au sens littéral mais d’interpréter le texte au-delà de son apparence frivole, et de chercher la « substantifique moelle » de ses écrits. Il multiplie les allusions aux événements et les interrogations de son époque.

Le récit commence par annoncer la généalogie du héros, puis la grossesse de Gargamelle, mère de Gargantua. Au fur à mesure qu’il grandit, le géant se révèle ingénieux, en particulier lorsqu’il invente le torchecul, ce qui convainc son père Grangousier de lui trouver un précepteur. Il subit alors une éducation formaliste fondée sur un apprentissage mécanique, ce qui met en cause l’enseignement de la Sorbonne. On lui impose d’apprendre des traités par cœur et à l’envers, et on lui lit une série d’ouvrages de scolastique médiévale. L’entrée en scène du précepteur Ponocrates est l’occasion d’introduire les idées humanistes en matière de pédagogie, substituant la rhétorique argumentative aux procédés syllogistiques. Gargantua, son nouveau maître et le page Eudemon sont envoyés à Paris au moyen d’une gigantesque jument. La curiosité des Parisiens contraint le prince à se réfugier sur les tours de Notre-Dame, avant de submerger la foule de son urine. Gargantua ayant dérobé les cloches de la cathédrale afin d’en faire des grelots pour sa monture, le sophiste Janotus de Bragmardo déclame une harangue maladroite pour qu’il les restitue, tournant involontairement en ridicule le style des sorbonnards. Gargantua se livre aussi bien à des exercices intellectuels que physiques, apprenant à manier les armes comme à jouer de la musique.

Le roi Picrochole décide de partir en guerre. L’attaque contre le clos de Seuillé échoue en raison de la défense de Frère Jean des Entommeures, moine haut en couleur qui rejoint les compagnons de Gargantua. Le regret de Grandgousier de partir au combat et ses tentatives diplomatiques pour l’éviter rejoignent les convictions d’Érasme.

Gargantua se montre clément, et généreux envers ses alliés, en leur offrant des seigneuries.

Il ordonne la construction de l’abbaye de Thélème pour récompenser Frère Jean, dont le nom signifie « volonté » dans le grec du Nouveau Testament. Cet édifice à la forme d’hexagone regorge de richesses, par opposition à l’austérité traditionnelle en vigueur dans les ordres monastiques.

Rabelais prônerait avant tout un retour aux valeurs essentielles du christianisme, se rattachant aux idées humanistes de son époque. La liberté des Thélémites va paradoxalement de pair avec une vie presque toujours partagée. Ils sont « biens naturés », c’est-à-dire vertueux, donc leur sens de l’honneur contrebalance la permissivité de la maxime.

Tiers Livre

Ici on voit les discours des personnages, en particulier du dialogue entre Pantagruel et Panurge, qui hésite à se marier, partagé entre le désir d’une femme et la crainte du cocuage. Il se livre alors à des méthodes divinatoires, telles l’interprétation des rêves et la bibliomancie.

Les caractères montrent une évolution significative. Panurge se révèle moins rusé et assez obtus dans sa prétention à retourner tous les signes à son avantage et dans son refus de prêter attention aux conseils qu’il sollicite. Pantagruel gagne en pondération, perdant de son exubérance de géant.

Ils décident finalement de prendre la mer pour aller interroger l’oracle de la Dive Bouteille. Les derniers chapitres se consacrent à la louange du Pantagruelion, plante aux vertus miraculeuses.

Le Quart Livre

Ce livre relate le voyage de Pantagruel et de ses compagnons partis afin d’interroger l’oracle de la Dive Bouteille, en réalité un prétexte pour l’exploration ou la simple évocation de quatorze îles dont l’atmosphère fantastique laisse transparaître les tourments de l’époque. La première escale, l’île de Medhamoti, ouvre ainsi sur le merveilleux par une foire fabuleuse : Epistémon achète une peinture des Idées de Platon, Pantagruel acquiert trois licornes. La verve comique de Rabelais se vérifie ensuite par l’épisode des moutons de Panurge, lors duquel le marchand Dindenault perd la totalité de son bétail, ou lors de la satire carnavalesque des Chicanous, qui gagnent leur vie en se faisant battre. L’étouffement au beurre de Bringuenarilles, sur l’île de Tohu et Bohu, donne l’occasion d’un catalogue de morts extraordinaires. Par son sujet, il rejoint la discussion sur l’île des Macraeons à propos des conceptions païennes et chrétiennes de l’immortalité de l’âme.

L’auteur reprend un motif traditionnel de la culture médiévale par la guerre des Andouilles qui, alliées à Mardi-Gras, attaquent Pantagruel parce qu’ils le confondent avec leur ennemi Quaresmeprenant. La rivalité entre les Papefigues, hostiles au Vatican et les Papimanes, adulateurs du pape, témoigne des tensions religieuses. La langue représente un thème essentiel du récit à de multiples reprises, notamment lors de la découverte d’Ennasin, où le nom des habitants déterminent leurs alliances et liens de parentés, et plus encore lors du prodige des paroles dégelées. Arrivé dans des eaux glaciales, l’équipage entend des sons sans en distinguer la provenance. Ce sont des paroles et des bruits restés emprisonnés dans la glace. Le refus de Pantagruel de conserver ces paroles en dénonce l’absurdité : le langage ne se thésaurise pas mais vit du contact entre les locuteurs.

L’allégorie de la faim est révérée par des ventriloques, les Engastrimythes, et les Gastrolatres, obnubilés par leurs ventres. Cette ambivalente adoration stimule l’intelligence, générant des inventions tantôt bénéfiques (agriculture), tantôt funestes (artilleries).

Les protagonistes se repaissent à leur tour devant l’île de Chaneph, habitée par des hypocrites. Le banquet auquel ils se livrent rappelle la cène et affirme une confiance paisible en Dieu qui contraste avec les pointes satiriques adressées à l’Église.

Ganabin, dernière île du roman, abrite des larrons incitant à ne pas accoster. Pantagruel fait tirer un coup de canon afin de faire peur à Panurge, réfugié dans la cale du navire. Ce dernier se conchie de peur, avant de répliquer avec éloquence et gouaillerie sur son courage et ses excréments.

Cinquième Livre

Neuf années après la mort de Rabelais, paraît L’Isle Sonnante, édition partielle du Cinquième Livre, constituée des 16 premiers chapitres. Une version de 47 chapitres voit le jour deux ans plus tard. Dès le xviie siècle, l’authenticité de ce dernier opus se trouve remise en question.

Ce livre parle de la poursuite et l’aboutissement de la quête de la Dive Bouteille. Le récit alterne des épisodes satiriques et de purs exercices d’imagination, sur une tonalité souvent plus violente que les précédents romans. Le passage dans l’Île Sonnante, puis l’île des Ferrements, aux arbres à armes, et l’île de Cassade, évoquant les jeux de hasard, l’arrivée sur l’île des Chats-fourrez brosse un portrait sombre d’une justice corrompue et versatile. La navigation mène l’équipage vers le royaume de la Quinte Essence, pays où la reine Entéléchie cultive un art de la sagesse aux raffinements subtils, voire excessifs. Puis le groupe rencontre les frères Fredons, moines au formalisme rigide, prétendument austères et vrais jouisseurs. Dans la terre d’illusion qu’est le pays de Satin, Ouy-dire dirige une école de rumeurs, d’opinions toutes faites et de calomnies. Après ces étapes teintées d’opprobres, les protagonistes se voient guidés par un habitant du Lanternois vers le temple de l’oracle, recouvert d’une fresque bacchique. Arrivés devant une fontaine, la prophétesse Bacbuc aide Panurge à recevoir le mot de la Dive Bouteille : « trinch », ce qui signifie Buvez, et, par cette exhortation à boire, incite à la recherche personnelle de la vérité.

Lecture audio

L’abbaye de Thélème – Chapitre 57

Toute leur vie était organisée non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur vouloir et franc arbitre. Ils se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait; nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire ni à manger, ni à faire autre chose. Ainsi l’avait établi Gargantua. En leur règle n’était que cette clause :

„Fais ce que voudras”,

parce que les gens libres, bien nés, bien instruits, conversant en compagnie honnête, ont par nature un instinct et un aiguillon, qui toujours les pousse à accomplir des faits vertueux et les éloigne du vice, aiguillon qu’ils nommaient honneur. Quand une vile servitude ou une contrainte les font déchoir et les assujettissent, ils emploient cette noble inclination, par laquelle ils tendaient librement vers la vertu, à repousser et à enfreindre ce joug de la servitude : car nous entreprenons toujours les choses défendues, et convoitons ce qui nous est refusé.

Grâce à cette liberté, ils entrèrent en louable émulation de faire tous ensemble ce qu’ils voyaient plaire à un seul. Si l’un ou l’une d’entre eux disait : « Buvons », tous buvaient; s’il disait : « Jouons », tous jouaient. S’il disait : « Allons nous ébattre aux champs», tous y allaient. Si c’était pour  chasser au vol ou poursuivre le gibier, les dames montées sur de belles haquenées, portaient chacune un épervier, ou un lanier, ou un émerillon. Les hommes portaient les autres oiseaux.

Ils étaient si noblement instruits qu’il n’y en avait aucun qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d’instruments de musique, parler cinq ou six langues et composer en ces langues autant en vers qu’en prose. Jamais ne furent vus chevaliers si preux, de si belle allure, si adroits à pied et à cheval, si vigoureux, plus alertes et plus aptes à manier toutes sortes d’armes. Jamais ne furent vues dames si élégantes, si mignonnes, moins acariâtres, plus adroites aux travaux manuels, à la broderie, et à toute occupation convenant à une femme honnête et libre.

Pour cette raison, quand le temps était venu qu’un membre de l’abbaye voulût en sortir, ou à la requête de ses parents, ou pour tout autre cause, il emmenait avec lui une de ces dames, celle qui l’avait pris pour son cavalier servant, et ils se mariaient. Et s’ils avaient vécu à Thélème en confiance et en amitié, encore mieux poursuivaient-ils cette existence dans le mariage. Ils s’aimaient à la fin de leurs jours comme au premier jour de leurs noces.

Commentaire littéraire

En récompense de sa bravoure, Gargantua propose plusieurs abbayes à Frère Jean, qui refuse, mais il accepte de fonder à son gré une abbaye dans le pays de Thélème, dont l’architecture est en partie inspirée des châteaux de Chambord et de Madrid.

Dans l’éloge de l’abbaye de Thélème, la vie des moines y est ordonnée à la fois selon un idéal égalitaire et la volonté personnelle, comme l’illustre leur règle unique « Fay ce que tu vouldras ».

Il y a une population hors-norme : les hommes et les femmes vivent ensemble, aucune fortification n’entoure l’édifice et la pauvreté n’y existe pas.

On y voit une origine noble, une élite de la société „bien nés”, une excellente éducation „bien construit” – importance de l’éducation pour vivre dans cette abbaye.

Les Thélémites possèdent des qualités sociales „conversant en compagnie honnête” et ils ont des connaissances dans divers domaines, car ce sont des humanistes.

Ils ont des activités raffinées comme par exemple : chasse, lire, écrire, chanter, jouer d’instruments harmonieux, parler de cinq à six langages, comme une enumération de compétences, mais aussi des activités plus triviales : „ébat aux champs”, „boire”.

Les Thélèmists ont „par nature”  le sens de l’honneur et de la responsabilité.

Leurs qualités s’expriment aussi hors de l’abbaye, dernier paragraphe le chevalier devient „le dévot de sa dame”. L’homme lui démontre un total dévouement, il se consacre à elle, il lui voue sa vie.

Ce lieu a été à la fois interprété comme une anti-abbaye, une satire monacale, une utopie, un paradis terrestre, un modèle de raffinement et une école de préparation au mariage. Faisant écho à la lecture allégorique évoquée au début du roman, un poème remanié de Mellin de Saint-Gelais conclut le roman, l’« Énigme en prophétie ». Gargantua y lit le déroulement de la volonté divine tandis que Frère Jean l’interprète comme une description du jeu de paume.

Rabelais veut montrer cette abbaye d’une façon idéalisée, par exemple la population est idéale : les hommes sont courageux, les femmes sont belles, et toutes les personnes sont égales, il n’y a pas d’obéissance.

C’est une abbaye sans contraintes, contraire aux autres abbayes, et une population différente de celle d’une abbaye classique, car ‘abbaye n’est pas dirigée par un supérieur, il n’y a pas d’horaires stricts et de règlement précis („Se levaient du lit quand bon leur semblait”…), pas de tenue imposée, et les Thélémites peuvent sortir quand ils le veulent de l’abbaye de Thélème, au contraire de moines d’une vraie abbaye.

Pendant que l’obéissance à autrui et l’abdication de la volonté propre est le premier fondement de la société monastique, cette abbaye idéalisée semble n’avoir aucune contrainte liée au culte de Dieu (pas de prière…).

Les Thélémites peuvent se marier, et leur amour, possible et idéalisé, sera éternel : „s’entr’aimaient-ils à la fin de leurs jours comme le premier de leurs noces ” et rester en harmonie : aucun désordre (entente parfaite), grâce à la vertu qui l’emporte sur le vice.

La vie dans l’abbaye de Thélème est une utopie : pas de loi, et possibilité pour chacun d’agir selon son „vouloir et franc arbitre”.

La devise „fais ce que voudras” exprime la liberté totale illimitée dans le temps – „toute leur vie”.

Les Thélémites n’ont pas de contrainte, et alors ils vont s’incliner naturellement vers la vertu et peuvent aisinsi en communauté sans lois et selon leur bon vouloir.

Mais biensur, l’abbaye est réservée à une élite : „gens libères, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnêtes”, obligés de se soumettre aux désirs de chacun : „faire tous ce qu’à un seul voyaient plaire”. C’est une morale élitiste, fondée sur l’honneur.

L’abbaye de Thélème permet à Rabelais de dresser une critique de la religion et de rappeller l’importance de l’éducation dans son fragile système.

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