0:00:00 Dissertation : Violinne
0:13:38 Zone, Violinne
0:25:13 Le Pont Mirabeau, Fattoum Abidi
0:26:31 Clotilde, Violinne
0:27:23 La Chanson du Mal-aimé, Violinne
0:32:00 La porte, Violinne
0:32:47 La tzigane, Violinne
0:33:42 Marie, Violinne
Guillaume Apollinaire est un poète et écrivain français, critique et théoricien d’art, considéré comme l’un des poètes français les plus importants du xxe siècle.
« On ne peut transporter partout avec soi le cadavre de son père »
Influencé par la poésie symboliste dans sa jeunesse, admiré de son vivant par les jeunes poètes qui formèrent plus tard le noyau du groupe surréaliste – Breton, Aragon, Soupault – Apollinaire est l’inventeur du terme « surréalisme ». Il révéla très tôt une originalité qui l’affranchit de toute influence d’école et qui fit de lui un des précurseurs de la révolution littéraire de la première moitié du xxe siècle. Son art n’est fondé sur aucune théorie, mais sur un principe simple : l’acte de créer doit venir de l’imagination, de l’intuition, car il doit se rapprocher le plus de la vie, de la nature. Cette dernière est pour lui « une source pure à laquelle on peut boire sans crainte de s’empoisonner ».
Pourtant, l’artiste ne doit pas imiter la nature, il doit la faire apparaître selon son propre point de vue. « Je suis partisan acharné d’exclure l’intervention de l’intelligence, c’est-à-dire de la philosophie et de la logique dans les manifestations de l’art. L’art doit avoir pour fondement la sincérité de l’émotion et la spontanéité de l’expression : l’une et l’autre sont en relation directe avec la vie qu’elles s’efforcent de magnifier esthétiquement » dit Apollinaire. L’œuvre artistique est fausse en ceci qu’elle n’imite pas la nature, mais elle est douée d’une réalité propre, qui fait sa vérité.
Apollinaire se caractérise par un jeu subtil entre modernité et tradition. Il ne s’agit pas pour lui de se tourner vers le passé ou vers le futur, mais de suivre le mouvement du temps. Il utilise pour cela beaucoup le présent, le temps du discours dans ses poèmes notamment dans le recueil Alcools. Il situe ses poèmes soit dans le passé, soit dans le présent mais s’adresse toujours à des hommes d’un autre temps, souvent de l’avenir.
« On ne peut transporter partout avec soi le cadavre de son père, on l’abandonne en compagnie des autres morts. Et l’on se souvient, on le regrette, on en parle avec admiration. Et si on devient père, il ne faut pas s’attendre à ce qu’un de nos enfants veuille se doubler pour la vie de notre cadavre. Mais nos pieds ne se détachent qu’en vain du sol qui contient les morts » (Méditations esthétiques, Partie I : Sur la peinture).
Dans cette affirmation :
« le cadavre de son père » c’est une métaphore qui désigne les poètes qui l’ont précédé et influencé.
« transporter partout avec soi » c’est la nécessité de s’émanciper de l’influence de ses prédécesseurs.
« nos pieds ne se détachent qu’en vain du sol qui contient les morts » le sol qui contient les morts désigne la poésie ancienne.
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine »
C’est le vers de Guillaume Apollinaire très connu, issu du recueil Alcools.
Apollinaire a gagné des galons d’auteur classique et il occupe une place importante dans l’histoire de la littérature française.
Apollinaire a été pour beaucoup un précurseur. Il a libéré la poésie d’un certain nombre de carcans et il a fait entrer son époque dans ses vers. On comprend dès lors qu’il passe pour un poète moderne. Cette exigence de singularité n’empêche toutefois pas l’écrivain de s’approprier différents héritages.
Alcools est un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire, paru en 1913.
Le recueil Alcools annonce la quête de modernité, de jeu avec la tradition, de renouvellement formel de la poésie de l’auteur. Alcools est un recueil pluriel, polyphonique, qui explore de nombreux aspects de la poésie, allant de l’élégie au vers libre, mélangeant le quotidien aux paysages rhénans dans une poésie qui se veut expérimentale, alliant une presque perfection formelle et une grande beauté à un hermétisme, un art du choc, de l’électrochoc, qui valut à Apollinaire d’être qualifié de mystificateur. Alcools montre le poète déchiré par ses ruptures amoureuses (avec Annie Playden, avec Marie Laurencin), ruptures qui résonnent au travers de poèmes tels que La Chanson du mal-aimé.
Dans ses poèmes, Apollinaire abolit la temporalité interne classique mise en vigueur par Ronsard : le passé, le présent, le futur se mêlent en un seul et même univers de vin et d’ivresse.
Apollinaire distille aussi l’espace, en mettant en scène l’univers de son enfance. Il modifie la perception poétique classique du temps et de l’espace, dans La Chanson du mal-aimé et Zone. Il se distingue comme le dieu poète en établissant une cosmogonie personnelle. Il réécrit les mythes fondateurs avec Orphée. Il se réclame d’Apollon. Mais il réinvente aussi la forme poétique dans son style : il détruit la conception classique syntaxique de Ronsard. Il est le précurseur du surréalisme et consacre une nouvelle poésie d’ivresse et de mythes.
Parcours : Modernité poétique ?
À partir du xixe siècle, les poètes éprouvent le besoin de renouveler la poésie dans son fond et dans sa forme : modernité poétique, renouveau et quête d’un sens autre.
Mais cette modernité poétique est un total reniement du passé, ou simplement, un renouvellement enrichi et dynamique en lien avec son temps.
Par exemple, les lieux oubliés ou méprisés pour leur manque apparent de poésie sont réhabilités, comme les terrains vagues entourant Paris dans « Zone » .
Le langage poétique est lui aussi transformé : recours à un lexique ou des tournures d’une grande simplicité, néologismes, représentation graphique des mots, dans « Calligrammes ».
Les poèmes par ordre alphabétique (lire en ligne) :
1909
À la Santé
L’Adieu
Annie
Automne
Automne malade
La Blanche Neige
Le Brasier
La Chanson du mal-aimé
Chantre
Clair de lune
Les Cloches
Clotilde
Les Colchiques
Cors de chasse
Cortège
Crépuscule
La Dame
L’Émigrant de Landor Road
L’Ermite
Les Femmes
Les Fiançailles
Hôtels
Le Larron
La Loreley
Lul de Faltenin
Mai
La Maison des morts
Marie
Marizibill
Merlin
Merlin et la Vieille Femme
Nuit rhénane
Palais
Poème lu au mariage d’André Salmon
Le Pont Mirabeau
La Porte
Rhénane d’automne
Rosemonde
Salomé
Saltimbanques
Les Sapins
Schinderhannes
Signe
Un Soir
La Synagogue
La Tzigane
Vendémiaire
Le Vent nocturne
Le Voyageur
Zone
Le poème « Zone » fut composé en dernier, mais Apollinaire lui donna la première place. Ce poème liminaire, où l’on suit le poète déambulant dans Paris et puis dans ses souvenirs, introduit le lecteur dans l’univers d’Alcools et donne ainsi un certain nombre de clés de lecture. Il répond à Vendémiaire qui clôt le recueil. Zone commence une quête tandis que Vendémiaire l’achève, le poète tente avec un voyage parisien de percevoir, de se saisir du monde entier.
« Zone » c’est le premier texte du recueil, marqué par une forme de souplesse : certains vers sont rassemblés tandis que d’autres sont isolés, ainsi que le texte ne semble pas suivre une structure claire et régulière.
« Le Pont Mirabeau » repose sur une alternance de quatrains et de distiques.
« La Chanson du mal-aimé » est composée d’une succession de quintils.
Le poème « Chantre » n’est pour constitué que d’un seul vers, comme pour mieux reproduire « l’unique cordeau des trompettes marines ».
Il s’agit, pour le poète, de chercher la forme la plus adaptée à son propos, et non de se contenter d’un cadre unique qu’il dupliquerait mécaniquement.
Apollinaire aime créer des formes variées dans un poème, des ruptures en passant d’un vers à l’autre.
Il a des poèmes qui présentent une forme de régularité, comme « L’Adieu », composé de cinq octosyllabes.
Dans le poème « À la santé », certains vers sont par exemple particulièrement courts :
Non je ne me sens plus là
Moi-même
Je suis le quinze de la
Onzième.
Parfois les vers sont même composés d’une seule syllabe, comme dans « La Maison des morts » :
Bientôt je restai seul avec ces morts
Qui s’en allaient tout droit
Au cimetière
Où
Sous les Arcades
Je les reconnus
Couchés
Immobiles
Eh bien vêtus
Attendant la sépulture derrière les vitrines.
Mouvement poétique global
Le calligramme substitue la linéarité à la simultanéité et constitue une création poétique visuelle qui unit la singularité du geste d’écriture à la reproductibilité de la page imprimée. Apollinaire prône un renouvellement formel constant : vers libre, monostiche, création lexicale, syncrétisme mythologique.
La poésie et l’art en général sont un moyen pour l’artiste de communiquer son expérience aux autres.
En cherchant à exprimer ce qui lui est particulier, il réussit à accéder à l’universel.
Apollinaire rêve de former un mouvement poétique global, sans écoles, celui du début de xxe siècle, période de renouveau pour les arts et l’écriture, avec l’émergence du cubisme dans les années 1900, du futurisme italien en 1909 et du dadaïsme en 1916. Il donnera par ailleurs à la peinture de Robert Delaunay et Sonia Delaunay le terme d’orphisme, toujours référence dans l’histoire de l’art.
Apollinaire entretient des liens d’amitié avec nombre d’artistes et les soutient dans leur parcours artistique : Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse et Henri Rousseau.
Guillaume Apollinaire (biographie)