0:00:00 Dissertation Violinne : Voyage au centre de la Terre / parcours : science et fiction
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Présentation
Jules Verne (biographie), né le 8 février 1828 à Nantes et mort le 24 mars 1905 à Amiens, est un écrivain français. Son œuvre est constituée de romans d’aventures évoquant les progrès scientifiques du xixe siècle.
L’œuvre de Jules Verne est universelle ; selon l’Index Translationum, avec un total de 4 751 traductions, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits en langue étrangère après Agatha Christie et devant Shakespeare. Il est ainsi, en 2011, l’auteur de langue française le plus traduit dans le monde. L’année 2005 en France a été déclarée « année Jules Verne », à l’occasion du centenaire de la mort de l’écrivain.
Voyage au centre de la Terre est un roman d’aventures, écrit en 1864 par Jules Verne.
Le roman raconte la découverte d’un manuscrit runique ancien par un savant allemand qui, avec son neveu et leur guide, entreprend un voyage vers le centre de la Terre en y entrant par un volcan islandais éteint, le Sneffels.
Le roman est un mélange de données scientifiques, d’extrapolations osées et d’aventure. L’introduction du roman reflète l’engouement d’alors pour une science jeune, la cryptologiea. La suite enchaîne sur une description de l’Islande de la fin du xixe siècle, puis sur une vaste introduction à deux autres sciences en plein essor, la paléontologie et la géologie.
Parcours : science et fiction
La science-fiction est un genre narratif, littéraire, cinématographique et vidéo-ludique. Elle consiste à raconter des fictions reposant sur des progrès scientifiques et techniques obtenus dans un futur plus ou moins lointain, quand il s’agit d’anticipation, parfois dans un passé fictif ou dans un univers parallèle au nôtre, ou des progrès physiquement impossibles en l’état actuel de nos connaissances.
La science-fiction met en œuvre les thèmes devenus classiques du voyage dans le temps, du voyage interplanétaire ou interstellaire, de la colonisation de l’espace, de la rencontre avec des extra-terrestres, de la confrontation entre l’espèce humaine et ses créations, notamment les robots et les clones, ou de la catastrophe apocalyptique planétaire.
L’intrigue de la science-fiction peut se dérouler sur Terre (utopie), ou dans l’espace (vaisseau spatial, exoplanètes, space opera).
Les récits peuvent décrire la science en partant des connaissances actuelles (scientifiques, technologiques, et ethnologiques).
Ce genre peut parfois être associée à une dimension inexplicable ou réalisme fantastique : mythologie, extra-terrestre, monde perdu, mondes parallèles.
La science-fiction moderne compte notamment deux pères fondateurs : Jules Verne (1828-1905) avec De la Terre à la Lune en 1865 ou Vingt mille lieues sous les mers en 1870, et H. G. Wells (1866-1946) avec notamment La Machine à explorer le temps (1895), L’Homme invisible (1897) ou La Guerre des mondes (1898). Ils appartiennent cependant à une époque qui voit fleurir de nombreux romans d’anticipation scientifique. Cette floraison est favorisée par de nombreux progrès scientifiques réels, par l’alphabétisation de la fin du xixe siècle et par le développement d’une littérature populaire diffusée par des revues.
Résumé
Le narrateur Axel Lidenbrock est le neveu du professeur de minéralogie Otto Lidenbrock, éminent géologue et naturaliste allemand. L’histoire commence à Hambourg, le 24 mai 1863. Le professeur qui est amateur de vieux livres, a acheté le manuscrit original d’une saga islandaise, au xiie siècle. Il y découvre un parchemin codé, rédigé en caractères runiques islandais. D’abord peu enthousiaste, se prend peu à peu au jeu et finit par découvrir la clé du message par un coup de chance. Le parchemin se révèle être un message d’un alchimiste islandais du xvie siècle, rédigé en latin mais écrit en runes. Celui-ci affirme avoir découvert un passage qui l’aurait mené jusqu’au centre de la Terre, via l’un des cratères d’un volcan éteint d’Islande, le Sneffels (l’actuel Snæfellsjökull).
Le professeur Otto Lidenbrock est enthousiaste et impétueux, et il décide de partir dès le lendemain pour l’Islande, avec son neveu Axel. Ils sont en désaccord sur la possibilité pratique d’un tel voyage, qui va à l’encontre de la théorie la plus répandue sur la composition de l’intérieur de la planète, la théorie de la chaleur centrale : Axel s’en fait le défenseur, tandis que Lidenbrock est déterminé à mettre l’hypothèse de la chaleur centrale à l’épreuve des faits. Par ailleurs, Axel est retenu à Hambourg par les sentiments qui le lient à la pupille de Lidenbrock, Graüben, avec qui il s’est fiancé à l’insu du professeur ; elle l’encourage à accomplir ce voyage, espérant qu’ils se marieront à son retour. Lidenbrock se hâte, car les indications fournies par Saknussemm sur l’emplacement exact du cratère à emprunter se fondent sur l’ombre projetée par un pic rocheux à la fin du mois de juin, et le trajet jusqu’en Islande leur prendra du temps.
Le voyage d’Axel et de Lidenbrock les mène d’Altona, à Kiel en chemin de fer, puis ils embarquent sur un navire à vapeur en partance pour le Danemark, qui les mène à Korsør, d’où ils gagnent en train Copenhague. Lidenbrock entre en contact avec M. Thompson, directeur du musée des Antiquités du Nord de Copenhague, qui lui procure de précieuses indications pour son voyage.
Lidenbrock oblige son neveu à prendre des leçons d’abîme en haut d’un clocher, afin de leur permettre de surmonter leur vertige, en prévision des gouffres qu’ils devront descendre. Le 2 juin, Lidenbrock et Axel embarquent sur une goélette qui longe Elseneur et la Norvège, puis traverse la mer du Nord et passe au large des îles Féroé, avant de rejoindre enfin le port de Reykjavik, au sud-ouest de l’Islande. Les deux voyageurs, armés de lettres de recommandation, y sont accueillis par le maire Finsen et le coadjuteur Pictursson, et surtout hébergés par un professeur de sciences naturelles, M. Fridriksson, qui les renseigne mieux sur Saknussemm. Lidenbrock et Axel gardent le secret sur le but réel de leur voyage.
Sur les conseils de Fridriksson, Lidenbrock et son neveu engagent un chasseur d’eider nommé Hans Bjelke, remarquablement fiable et impassible, qui sera leur guide et est prêt à suivre Lidenbrock où il voudra. Après quelques derniers préparatifs, Lidenbrock, Axel et Hans se mettent en route pour le Sneffels. Ils font étape à Gardär puis à Stapi et arrivent quelques jours plus tard au pied du volcan Sneffels. Ils engagent quelques porteurs temporaires pour l’ascension des bagages et se retrouvent ensuite seuls tous les trois près des cratères du volcan éteint. Lidenbrock trouve là une inscription runique au nom de Saknussemm : aucun doute n’est plus possible sur la véracité du parchemin. Le cratère éteint renferme trois cheminées. L’une d’elles doit être effleurée par l’ombre d’un haut pic, le Scartaris, à midi, « avant les calendes de juillet », c’est-à-dire dans les derniers jours de juin. D’après la note de Saknussemm, là se trouve le passage vers le centre de la Terre. Le 28 juin, lorsque le temps se dégage, l’ombre se projette sur le cratère central et la descente peut commencer.
Lidenbrock tient un journal scientifique pour consigner précisément l’itinéraire parcouru.
Après avoir descendu la cheminée principale du cratère à l’aide de cordes, l’expédition s’engage dans les profondeurs de la terre. Une difficulté se présente lorsque l’expédition parvient à un croisement entre deux galeries. Lidenbrock s’engage dans ce qui se révèle peu à peu être la mauvaise direction, car elle les mène vers des terrains trop récents pour correspondre aux couches les plus profondes. Ce retard manque de coûter la vie aux membres de l’expédition, qui se trouvent rapidement à court d’eau et souffrent terriblement de la soif.
Ils se fient aux indications de Hans, qui finit par découvrir une nappe souterraine d’eau ferrugineuse en perçant une paroi. La descente peut alors se poursuivre, toujours plus bas et en se déportant toujours vers le sud-est, c’est-à-dire sous l’Islande puis sous la croûte supportant l’océan Atlantique. Axel doit s’avouer vaincu car la température ambiante augmente bien moins que ce que prévoyait la théorie de la chaleur centrale. Quelques jours après, trompé par un embranchement dans la galerie, Axel se retrouve perdu, seul et sans lumière. Ayant repris contact avec Lidenbrock grâce à un phénomène acoustique propice, il se fait guider jusqu’à ses compagnons, mais son trajet se termine par une mauvaise chute.
Axel se rend compte que l’expédition est arrivée au bord d’une étendue d’eau souterraine qui ressemble à une véritable mer, enfermée dans une caverne aux proportions gigantesques et éclairée par des phénomènes électriques. La côte est constellée d’ossements fossiles et abrite une forêt de champignons fossiles géants. Le 13 août, embarqués sur un radeau construit par Hans en surtarbrandur, du bois à demi fossilisé trouvé sur place, ils naviguent sur la mer que le professeur a baptisée « mer Lidenbrock ». Ils croisent des algues géantes, puis pêchent un poisson appartenant à une espèce disparue et redoutent de croiser des monstres préhistoriques.
Après une dizaine de jours de navigation, ils sont pris dans un orage qui dévaste leur embarcation et manque leur coûter la vie, notamment lors d’un feu Saint-Elme sur le navire, mais sont finalement rejetés sur une côte. Par malheur, d’après les indications de la boussole, la tempête leur a fait rebrousser chemin vers la même côte. Lidenbrock et Axel l’explorent à nouveau et tombent sur un ossuaire où se trouvent des restes d’animaux des ères quaternaire et tertiaire, dont un homme fossilisé plus ancien que tout ce qui avait été découvert jusqu’alors. Plus loin, ils s’aventurent dans une forêt de végétaux appartenant à des espèces anciennes, dont le kauri, et y entrevoient un troupeau de mastodontes, menés par ce qui ressemble à un humanoïde géant : ils finissent par battre prudemment en retraite. Revenant vers la côte, ils trouvent un poignard rouillé du xvie siècle près d’une nouvelle inscription aux initiales d’Arne Saknussemm : ils sont sur la bonne voie.
La grotte qui s’ouvre non loin de là les mène à un cul de sac : une éruption plus récente a bouché la galerie. Déterminé, Lidenbrock décide d’employer le fulmicoton pour faire sauter l’obstacle. Remontés sur le radeau afin de se tenir à une distance sûre, les trois voyageurs font sauter le mur rocheux le 27 août, mais sont entraînés vers la galerie lorsque l’explosion provoque un petit raz-de-marée. Prisonnier de son embarcation, le petit groupe poursuit sa descente sur une eau devenue bouillante. Axel se rend compte que presque tout l’équipement et surtout les provisions ont basculé hors du radeau au moment de l’explosion : l’expédition risque de mourir de faim. Les voyageurs n’ont plus le contrôle de leur direction et ne peuvent s’échapper de la galerie rocheuse. Après être descendus, le couloir et l’eau remontent dans une atmosphère de plus en plus étouffante. Axel comprend avec horreur que le radeau progresse désormais sur une masse de roche fondue qui monte dans une cheminée volcanique sur le point d’entrer en éruption, mais Lidenbrock refuse de se laisser aller au désespoir : c’est une chance de revenir à la surface de la terre. Finalement, brûlés et très affaiblis, les trois voyageurs sont rejetés par un cratère et échouent sur le flanc d’un volcan. Après s’être mis à l’abri, ils se rendent compte qu’ils sont en Italie, sur les flancs du Stromboli.
Retour à Hambourg : l’expédition se couvre de gloire, Lidenbrock devient célèbre et Axel peut épouser sa fiancée. Hans retourne en Islande, où l’oncle et le neveu espèrent aller le revoir un jour.
Un mystère demeure jusqu’à la fin du roman : la boussole indiquait une mauvaise direction, sans que les personnages comprennent le problème. Finalement en comparant la boussole avec une autre, Axel se rend compte que l’aiguille indique le sud et non le nord, et que cela est dû à la désorientation électrique causée par le feu Saint-Elme lors de l’orage sur la mer Lidenbrock.
Analyse et Thèmes
Le professeur Lidenbrock est l’une des premières parmi les nombreuses figures de savants qui apparaissent dans les Voyages extraordinaires : ces savants sont grandioses par leur dévouement sans bornes à la science et par leur éthique qui fait d’eux des exemples moraux, mais ils ont aussi leurs ridicules, ici la distraction de Lidenbrock et ses quelques colères. Le roman se nourrit donc à la fois d’une vision progressiste du savant et d’une vision plus ambiguë héritée du romantisme et du fantastique hoffmanien où le savant est un original dont l’excentricité peut virer à la folie ou qui peut tourner au sorcier.
Les thèmes abordés dans le roman sont :
* L’étude de la cryptologie : déchiffrement des runes pour pouvoir aller au centre de la Terre.
* La spéléologie : la découverte des profondeurs de la Terre.
* La paléontologie : découverte d’animaux préhistoriques qu’on pensait disparus et du cadavre de l’homme quaternaire.
* La minéralogie : science incarnée par le professeur Lidenbrock.
* Le fantastique
* L’aventure
* L’amour (Axel et Graüben)
* Le voyage : Axel, Otto et Hans partent pour le centre de la Terre.
* La survie – car tout au long de l’histoire les trois aventuriers sont confrontés à peu de nourriture.
Contenu scientifique
Une célèbre planche d’illustration d’Édouard Riou présente une grotte contenant des cristaux géants – ce que Jules Verne n’indique pas dans le roman, présentant seulement la « lumière des appareils, répercutée par les petites facettes de la masse rocheuse, croisant ses jets de feu sous tous les angles » –, dont il n’était connu aucun exemple réel jusqu’à la découverte au début des années 2000 de cristaux de grande taille au Mexique, dans la mine de Naïca.
La possibilité d’une mer souterraine semblable à la mer Lidenbrock est réfutée par les connaissances géologiques actuelles, car la caverne gigantesque qui la contient ne pourrait pas résister aux pressions énormes propres à ces profondeurs ; en revanche, la présence d’une grande quantité d’eau enfermée ou infiltrée dans des roches solides est considérée comme probable, mais on ignore encore précisément jusqu’à quelle profondeur elle pourrait se trouver.
Jules Verne
Voyage au centre de la Terre
Lecture audio du dernier chapitre
Chapitre XLV (45)
Voici la conclusion d’un récit auquel refuseront d’ajouter foi les gens les plus habitués à ne s’étonner de rien. Mais je suis cuirassé d’avance contre l’incrédulité humaine.
Nous fûmes reçus par les pêcheurs stromboliotes avec les égards dus à des naufragés. Ils nous donnèrent des vêtements et des vivres. Après quarante-huit heures d’attente, le 31 août, un petit speronare nous conduisit à Messine, où quelques jours de repos nous remirent de toutes nos fatigues.
Le vendredi 4 septembre, nous nous embarquions à bord du Volturne, l’un des paquebots-postes des messageries impériales de France, et, trois jours plus tard, nous prenions terre à Marseille, n’ayant plus qu’une seule préoccupation dans l’esprit, celle de notre maudite boussole. Ce fait inexplicable ne laissait pas de me tracasser très sérieusement. Le 9 septembre au soir, nous arrivions à Hambourg.
Quelle fut la stupéfaction de Marthe, quelle fut la joie de Graüben, je renonce à le décrire.
« Maintenant que tu es un héros, me dit ma chère fiancée, tu n’auras plus besoin de me quitter, Axel ! »
Je la regardai. Elle pleurait en souriant.
Je laisse à penser si le retour du professeur Lidenbrock fit sensation à Hambourg. Grâce aux indiscrétions de Marthe, la nouvelle de son départ pour le centre de la terre s’était répandue dans le monde entier. On ne voulut pas y croire, et, en le revoyant, on n’y crut pas davantage.
Cependant le présence de Hans, et diverses informations venues d’Islande modifièrent peu à peu l’opinion publique.
Alors mon oncle devint un grand homme, et moi, le neveu d’un grand homme, ce qui est déjà quelque chose. Hambourg donna une fête en notre honneur. Une séance publique eut lieu au Johannæum, où le professeur fit le récit de son expédition et n’omit que les faits relatifs à la boussole. Le jour même, il déposa aux archives de la ville le document de Saknussemm, et il exprima son vif regret de ce que les circonstances, plus fortes que sa volonté, ne lui eussent pas permis de suivre jusqu’au centre de la terre les traces du voyageur islandais. Il fut modeste dans sa gloire, et sa réputation s’en accrut.
Tant d’honneur devait nécessairement lui susciter des envieux. Il en eut, et, comme ses théories, appuyées sur des faits certains, contredisaient les systèmes de la science sur la question du feu central, il soutint par la plume et par la parole de remarquables discussions avec les savants de tous pays.
Pour mon compte, je ne puis admettre sa théorie du refroidissement : en dépit de ce que j’ai vu, je crois et je croirai toujours à la chaleur centrale ; mais j’avoue que certaines circonstances encore mal définies peuvent modifier cette loi sous l’action de phénomènes naturels.
Au moment où ces questions étaient palpitantes, mon oncle éprouva un vrai chagrin. Hans, malgré ses instances, avait quitté Hambourg ; l’homme auquel nous devions tout ne voulut pas nous laisser lui payer notre dette. Il fut pris de la nostalgie de l’Islande.
« Farval, » dit-il un jour, et sur ce simple mot d’adieu, il partit pour Reykjawik, où il arriva heureusement.
Nous étions singulièrement attachés à notre brave chasseur d’eider ; son absence ne le fera jamais oublier de ceux auxquels il a sauvé la vie, et certainement je ne mourrai pas sans l’avoir revu une dernière fois.
Pour conclure, je dois ajouter que ce Voyage au centre de la terre fit une énorme sensation dans le monde. Il fut imprimé et traduit dans toutes les langues ; les journaux les plus accrédités s’en arrachèrent les principaux épisodes, qui furent commentés, discutés, attaqués, soutenus avec une égale conviction dans le camp des croyants et des incrédules. Chose rare ! mon oncle jouissait de son vivant de toute la gloire qu’il avait acquise, et il n’y eut pas jusqu’à M. Barnum qui ne lui proposât de « l’exhiber » à un très haut prix dans les États de l’Union.
Mais un ennui, disons même un tourment, se glissait au milieu de cette gloire. Un fait demeurait inexplicable, celui de la boussole. Or, pour un savant, pareil phénomène inexpliqué devient un supplice de l’intelligence. Eh bien ! le ciel réservait à mon oncle d’être complètement heureux.
Un jour, en rangeant une collection de minéraux dans son cabinet, j’aperçus cette fameuse boussole et je me mis à observer.
Depuis six mois elle était là, dans son coin, sans se douter des tracas qu’elle causait.
Tout à coup, quelle fut ma stupéfaction ! Je poussai un cri. Le professeur accourut.
« Qu’est-ce donc ? demanda-t-il.
— Cette boussole !…
— Eh bien ?
— Mais son aiguille indique le sud et non le nord !
— Que dis-tu ?
— Voyez ! ses pôles sont changés.
— Changés ! »
Mon oncle regarda, compara, et fit trembler la maison par un bond superbe.
Quelle lumière éclairait à la fois son esprit et le mien !
« Ainsi donc, s’écria-t-il, dès qu’il retrouva la parole, après notre arrivée au cap Saknussemm, l’aiguille de cette damnée boussole marquait sud au lieu du nord ?
— Évidemment.
— Notre erreur s’explique alors. Mais quel phénomène a pu produire ce renversement des pôles ?
— Rien de plus simple.
— Explique-toi, mon garçon.
— Pendant l’orage, sur la mer Lidenbrock, cette boule de feu, qui aimantait le fer du radeau, avait tout simplement désorienté notre boussole !
— Ah ! s’écria le professeur en éclatant de rire, c’était donc un tour de l’électricité ? »
À partir de ce jour, mon oncle fut le plus heureux des savants, et moi le plus heureux des hommes, car ma jolie Virlandaise, abdiquant sa position de pupille, prit rang dans la maison de König-strasse en la double qualité de nièce et d’épouse. Inutile d’ajouter que son oncle fut l’illustre professeur Otto Lidenbrock, membre correspondant de toutes les Sociétés scientifiques, géographiques et minéralogiques des cinq parties du monde.
FIN
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