Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette (ou Lafayette), née le 18 mars 1634 à Paris et morte le 25 mai 1693 dans la même ville, est une femme de lettres française.
Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves / parcours : individu, morale et société.
Œuvres
La Princesse de Montpensier
Zaïde, histoire espagnole
La Princesse de Clèves
Romans et Nouvelles
La Comtesse de Tende
Histoire de madame Henriette d’Angleterre, première femme de Philippe de France, Duc d’Orléans
Mémoires de la cour de France pour les années 1688 et 1689
Lettres de Mme de La Fayette à Mme de Sablé
La Princesse de Clèves
La Princesse de Clèves est un roman de Madame de La Fayette, d’abord publié anonymement en 1678.
Le roman prend pour cadre la vie à la cour des Valois « dans les dernières années du règne de Henri Second », comme l’indique le narrateur dans les premières lignes du récit. Il peut donc être défini comme un roman historique, même s’il inaugure, par bien des aspects (souci de vraisemblance, construction rigoureuse, introspection des personnages) la tradition du roman d’analyse. C’est en effet un des premiers romans dits psychologiques, ce qui contribue à sa modernité.
La Princesse de Clèves témoigne également du rôle important joué par les femmes en littérature et dans la vie culturelle du xviie siècle, marquée par le courant de la préciosité. Madame de La Fayette avait fréquenté avant son mariage le salon de la marquise de Rambouillet1 et, comme son amie Madame de Sévigné, faisait partie du cercle littéraire de Madeleine de Scudéry, dont elle admirait les œuvres.
Roman fondateur, La Princesse de Clèves est évoqué comme l’un des modèles littéraires ayant inspiré Balzac, Raymond Radiguet ou même Jean Cocteau.
Résumé
L’histoire se déroule dans un cadre spatio-temporel historique, entre les mois d’octobre 1558 et de novembre 1559, à la cour du roi Henri II, puis de son successeur François II.
Mademoiselle de Chartres est une jeune fille de 16 ans qui arrive à la cour du roi Henri II. Le prince de Clèves tombe amoureux d’elle, mais ce sentiment n’est pas partagé. Ils se marient. Elle tombe amoureuse du duc de Nemours, mais leur amour serait illégitime, puisqu’elle est mariée. Afin d’éviter de le revoir elle se retire de la cour, et avoue sa passion à son mari. Celui-ci meurt de chagrin. Elle décide alors de se retirer dans un couvent.
Le théâtre classique
Certes, la Princesse de Clèves est influencée par son prédécesseur le roman baroque, ce qui apparaît nettement à la lecture. Néanmoins, d’un point de vue formel, l’impact de la dramaturgie classique sur l’écriture de Mme de La Fayette est flagrant. En effet, le mariage de M. et Mme de Clèves constitue le « nœud » de l’intrigue, au sens aristotélicien. Sans leur rencontre chez le bijoutier, qui intervient avant celle de M. de Nemours et de la jeune fille au bal, cette dernière n’aurait sûrement pas achevé sa vie aussi pieusement. Dans cette perspective, l’on peut se porter à rêver d’une idylle entre les deux amants. Le dénouement et sa morale en auraient été bouleversés. Par ailleurs, l’aveu de la princesse constitue le « renversement » précipitant la « catastrophe ». Cette dernière, développée par Aristote dans sa Poétique, correspond au rapport du gentilhomme à son maître, M. de Clèves. À partir de cette trame, qui se retrouve dans le théâtre du xvie et du xviie siècle, il semble que le dénouement soit, non pas la mort de la princesse, ni même sa décision lors de l’entretien avec M. de Nemours, mais la mort de son époux, qui scelle la fin de l’histoire. Le « dénouement » prend alors tout son sens puisque le « nœud » est enfin dénoué : celui de l’intrigue et celui du mariage, car la princesse n’est plus liée à M. de Clèves. On peut également considérer que La Princesse de Clèves observe à sa manière les règles du théâtre classique : l’unité de temps (le roman se déroule sur une année), l’unité d’action et le souci de vraisemblance lié à l’ancrage historique et au soin porté à l’analyse psychologique des personnages.