Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves / parcours : individu, morale et société.
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Madame de La Fayette et les précieuses
Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette (ou Lafayette), née le 18 mars 1634 à Paris et morte le 25 mai 1693 dans la même ville, est une femme de lettres française.
Femme de lettres appartenant au mouvement classique des précieuses, elle est née dans une famille aisée de petite noblesse, qui gravite dans l’entourage du cardinal de Richelieu.
Madame de La Fayette figure dans Le Grand Dictionnaire des précieuses, paru en 1661 sous le pseudonyme de Féliciane. Elle est décrite comme „civile, obligeante et un peu railleuse”, en faisant partie des femmes avant-gardistes et souhaitent être reconnue pour l’intelligence. Les „précieuses” sont assidûment courtisées.
La première et la plus évidente des marques de préciosité dans le roman est l’importance accordée au thème de l’amour, et la forme que prend ce dernier. Les salons précieux, en effet, se nourrissent de discussions sur l’amour, dans le but de résoudre des cas typiques, par exemple, une femme doit-elle céder à son amant ? L’amour est un thème central du mouvement précieux.
Autre manifestation de la préciosité, la princesse de Clèves et le duc de Nemours représentent en quelque sorte l’idéal précieux : beaux, intelligents et gracieux, ils sont appelés à être au-dessus des autres humains. En somme, ils concentrent en eux toutes les qualités nécessaires à l’amour idéal, l’amour pur. Cela dit, l’amour précieux demeure généralement malheureux, comme celui qui unit la princesse et le duc.
Madame De La Fayette était une grande partisane de l’amour chaste, fuyant la passion aussi dans ses écrits.
Voici comment elle est vue et caractérisée par de grandes figures de la littérature :
* Boileau :
« Mme de La Fayette est la femme qui écrit le mieux et qui a le plus d’esprit. Elle se démarque brillamment par son caractère courtois ainsi que sa vigilance. »
* Voltaire :
« Sa Princesse de Clèves et sa Zaïde furent les premiers romans où l’on vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites avec grâce. Avant elle, on écrivait d’un style ampoulé des choses peu vraisemblables. » Voltaire, Le Siècle de Louis XIV.
* Albert Camus :
« Sa simplicité réelle est dans sa conception de l’amour ; pour Mme de La Fayette, l’amour est un péril. C’est son postulat. Et ce qu’on sent dans tout son livre (la Princesse de Clèves) comme d’ailleurs dans la Princesse de Montpensier, ou La comtesse de Tende, a une constante méfiance envers l’amour (ce qui est le contraire de l’indifférence). » Albert Camus, Carnets
* Morillot :
« Tout en elle nous attire, la rare distinction de son esprit, la ferme droiture de ses sentiments, et surtout, peut-être, ce que nous devinons au plus profond de son cœur : une souffrance cachée qui a été la source de son génie. » Morillot, Le Roman du xviie siècle.
Les œuvres de Madame de La Fayette
* La Princesse de Montpensier, 1662, puis 1674 et 1675.
* Zaïde, histoire espagnole, 1671
* La Princesse de Clèves, 1678 [anonyme]
* Romans et Nouvelles, 1989
* La Comtesse de Tende, 1724 (posthume)
* Histoire de madame Henriette d’Angleterre, première femme de Philippe de France, Duc d’Orléans, 1720
* Mémoires de la cour de France pour les années 1688 et 1689, Paris, 1828
* Lettres de Mme de La Fayette à Mme de Sablé, vers 1663–65
Résumé
L’histoire se déroule à la cour du roi Henri II, puis de son successeur François II.
Mademoiselle de Chartres est une jeune fille de 16 ans qui arrive à la cour du roi Henri II. Le prince de Clèves tombe amoureux d’elle, mais ce sentiment n’est pas partagé. Ils se marient. Elle tombe amoureuse du duc de Nemours, mais leur amour serait illégitime, puisqu’elle est mariée. Afin d’éviter de le revoir elle se retire de la cour, et avoue sa passion à son mari. Celui-ci meurt de chagrin. Elle décide alors de se retirer dans un couvent.
La première partie commence avec la description de l’univers de la cour de France « dans les dernières années du règne d’Henri second », époque où « la magnificence et la galanterie n’ont jamais paru avec tant d’éclat ». Madame de La Fayette brosse un portrait d’une cour emplie d’hypocrisie et de faux-semblants. C’est ici que Madame de Chartres introduit sa fille, d’une grande beauté mais aussi d’une grande vertu, dans le but de lui trouver un bon parti. Elle va attirer l’attention du duc de Guise – personnage très important à la cour mais ruiné, et celle de monsieur de Clèves – qu’elle épouse, bien qu’il ne soit pas un parti extrêmement avantageux.
Invitée aux fiançailles du Duc de Lorraine et de Claude de France, elle rencontre le duc de Nemours, un personnage important qui travaillait à épouser la reine d’Angleterre, ils dansent ensemble et tombent éperdument et secrètement amoureux l’un de l’autre.
Leurs relations se limitent à quelques visites occasionnelles. La mère de la princesse de Clèves tombe gravement malade et, sur son lit de mort, elle met en garde sa fille : « Songez ce que vous devez à votre mari ; songez ce que vous vous devez à vous-même, et pensez que vous allez perdre cette réputation que vous vous êtes acquise et que je vous ai tant souhaitée ».
Dans la deuxième partie, le prince de Clèves raconte à sa femme que son ami Sancerre était amoureux depuis deux ans de Madame de Tournon, une veuve de la cour qui vient de décéder. Celle-ci lui avait promis, ainsi qu’à monsieur d’Estouteville, de l’épouser en secret. À la mort de Madame de Tournon, Sancerre est fou de douleur, d’autant plus qu’il découvre cette liaison secrète que Madame de Tournon et monsieur d’Estouteville entretenaient parallèlement à sa liaison avec elle. Monsieur d’Estouteville lui laisse quatre lettres que Madame de Tournon lui avait écrites, des lettres pleines de tendresse et de promesses de mariage. Le prince répète à Madame de Clèves le conseil qu’il a donné à Sancerre : « La sincérité me touche d’une telle sorte que je crois que si ma maîtresse et même ma femme, m’avouait que quelqu’un lui plût, j’en serais affligé sans en être aigri. Je quitterai le personnage d’amant ou de mari, pour la conseiller et pour la plaindre.»
Madame de Clèves retourne à Paris et se rend compte de l’amour que lui porte le duc de Nemours, puisque celui-ci a renoncé à ses prétentions sur la couronne d’Angleterre pour elle. Elle sait qu’elle doit apprendre à cacher ses sentiments et contrôler ses actes.
Lors d’un tournoi, le duc de Nemours est blessé, et Madame de Clèves ne se préoccupe que de lui, ce qui montre à ce dernier sa passion. Après cela, la reine Dauphine lui confie une lettre qui serait tombée de la poche du duc de Nemours que lui aurait écrite une de ses supposées amantes. Madame de Clèves est folle de douleur et de jalousie, croyant que le duc de Nemours aurait quelque passion secrète.
Dans la troisième partie, le vidame de Chartres, qui est venu trouver le duc de Nemours chez lui, lui avoue que cette lettre lui appartient et vient lui demander de l’aider à cacher cela. En effet, le vidame de Chartres est l’amant platonique de la reine, et il lui avait affirmé qu’il lui était parfaitement fidèle, alors qu’il entretenait toujours une relation avec Madame de Thémines dont cette lettre est la preuve. Il demande au duc de Nemours d’affirmer que cette lettre est à lui, mais ce dernier refuse de peur que Madame de Clèves n’y croie. Le vidame de Chartres remet une lettre au duc de Nemours pour qu’il puisse la montrer à la dame qu’il craint de fâcher, car elle prouve que la lettre trouvée est au vidame de Chartres et non au duc de Nemours. La reine demande à la reine Dauphine de récupérer la lettre, mais Madame de Clèves ne l’a plus en sa possession. Elle est chargée de la réécrire avec le duc de Nemours, ce qui leur fait passer des heures exquises ensemble.
Madame de Clèves demande à son mari de se retirer à la campagne. Elle lui avoue qu’elle aime un autre homme mais ne mentionne pas de nom même si monsieur de Clèves la presse de le faire. Le duc de Nemours a surpris cette conversation et comprend que la princesse de Clèves parlait de lui, car elle mentionne l’épisode du vol de son portrait au cours duquel elle avait surpris son amant en train de voler son portrait destiné à son mari.
Le duc de Nemours, fou de joie, révèle cette conversation au vidame de Chartres sous d’autres noms, sans dire que cette expérience est liée à lui. Bientôt toute la cour apprend ce fameux épisode, la princesse de Clèves au comble du désespoir le dit à son mari et le soupçonne d’avoir raconté son aveu pour pouvoir découvrir l’identité de son rival. Ignorant l’indiscrétion du duc de Nemours, ils s’accusent mutuellement d’être à l’origine de cette rumeur. Le prince de Clèves devine que c’est le duc de Nemours qu’aime son épouse.
Peu de temps après, un tournoi a lieu en l’honneur du mariage de Madame avec le roi d’Espagne. Le roi reçoit dans l’œil l’éclat d’une lance lors d’une joute avec le Comte de Montgomery. Au bout de dix jours, les médecins déclarent la maladie incurable, et le roi meurt.
Dans la quatrième partie, le nouveau roi, François II, est sacré à Reims. Toute la cour s’y rend mais la princesse de Clèves demande à son mari d’échapper à cela et de se rendre à leur maison de campagne.
Le duc de Nemours se rend compte que la princesse de Clèves n’est pas à Chambord. Surprenant une conversation entre le roi, le prince de Clèves et Madame de Martigues (qui avait rendu visite à la princesse de Clèves dans sa maison de campagne), il donne comme prétexte une affaire urgente à Paris pour se rendre à Coulommiers avec le désir de voir la princesse de Clèves. Le prince de Clèves, qui soupçonne le dessein du duc de Nemours, envoie un gentilhomme espionner ce dernier. Le duc de Nemours s’infiltre une première fois dans le cabinet ouvert de la princesse de Clèves, dans lequel il la surprend rêveuse devant un de ses portraits. Il tente d’entrer en contact avec elle, mais elle se retire précipitamment. La deuxième nuit, il essaie de nouveau de la voir, mais elle reste cloîtrée dans sa chambre. Le troisième jour, il lui rend visite avec sa sœur, et elle comprend que c’est bien lui qu’elle a vu dans son cabinet deux nuits auparavant.
Lorsque le gentilhomme envoyé comme espion rapporte au prince de Clèves la présence possible du duc de Nemours auprès de sa femme pendant deux nuits, le prince, persuadé qu’elle l’a trompé, est pris d’une violente fièvre. La princesse de Clèves revient à Blois après avoir appris son état inquiétant. Elle a une dernière conversation avec son mari agonisant, lors de laquelle elle nie toute liaison avec le duc de Nemours : « la vertu la plus austère ne peut inspirer d’autre conduite que celle que j’ai eue ; et je n’ai jamais fait d’action dont je n’eusse souhaité que vous eussiez été témoin ». Il la croit, lui pardonne et meurt.
Après la mort de son mari, la princesse de Clèves se retire à Paris dans la solitude, refusant toutes visites et se tenant éloignée de la vie de la cour. Après quelques mois de solitude, elle reçoit la visite de Madame de Martigues et apprend que le duc de Nemours est désespéré, qu’il a arrêté tout « commerce de femmes » et qu’il vient très souvent à Paris. Elle va d’ailleurs le croiser sans qu’il ne la voie au bout d’une allée, dans une sorte de cabinet ouvert de tous les côtés situé dans un jardin dans lequel il est allongé sur un banc. Cette rencontre fortuite cause une violente inquiétude dans le cœur de la princesse de Clèves et réveille sa passion. Le matin, la princesse de Clèves reconnaît de sa fenêtre le duc de Nemours, qui est en train de l’observer, et, surprise, s’en va promptement. Le duc de Nemours comprend qu’elle l’a reconnu.
Souhaitant revoir la princesse de Clèves, le duc de Nemours va retrouver le vidame de Chartres et lui avoue sa passion amoureuse. Ce dernier affirme avoir pensé qu’il était le seul digne de se marier avec la princesse depuis que cette dernière était veuve, et arrange un rendez-vous : il presse la princesse de Clèves de venir lui rendre visite, et le duc de Nemours arrivera par un escalier dérobé « afin de n’être vu de personne ».
Ils se retrouvent tous les deux, le duc de Nemours lui avoue sa passion et avoue également avoir surpris sa conversation entre elle et monsieur de Clèves alors qu’elle lui faisait l’aveu de sa passion pour un autre. La princesse de Clèves lui avoue enfin ses sentiments, mais affirme également que cet « aveu n’aura point de suite » et qu’elle suivra « les règles austères que son devoir lui impose ». En effet, elle considère que c’est de leur faute si son mari est mort.
La princesse de Clèves refusant de l’épouser malgré l’approbation du vidame de Chartres, le duc de Nemours suit le roi dans son voyage avec la cour d’Espagne, et la princesse de Clèves part se retirer dans les Pyrénées. Prise par une fièvre violente, elle frôle la mort, et, une fois remise, décide de passer une partie de l’année dans un couvent. Monsieur de Nemours vient lui rendre visite, mais elle refuse de le voir, intraitable. Il est désespéré, mais sa passion s’éteint peu à peu avec les années. Quant à elle, elle s’adonne à des « occupations plus saintes que celles des couvents les plus austères ; et sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables. »
Parcours : individu, morale et société
Pour envisager son individualité dans la construction sociale et sa place dans la société, le personnage de roman est soumis à la norme morale et au poids social.
Il reflète les facettes de la société et les comportements des hommes. Pour la société du xviie siècle, l’idéal était de l’honnête homme raffiné, cultivé, modéré et qui maîtrise l’art de la conversation.
En même temps, le personnage doit se soumettre aux règles dictées par la religion.
Exemple : dans La Princesse de Clèves, Mme de Chartres a inculqué à sa fille les règles d’un comportement vertueux dès son plus jeune âge.
Mais le personnage de roman doit se soumettre aussi aux règles dictées par la société.
Exemple : dans Les Liaisons dangereuses, Laclos montre l’éducation des jeunes filles nobles dans l’humilité et la soumission comme la Cécile de Volanges.
La vision du monde du romancier et les valeurs de la société de son époque sont révèlés par les actions et les sentiments des personnages.
Exemple : Manon Lescaut, Abbé Prévost.
L’individu se trouve face au poids du milieu social et des préjugés moraux et les romanciers du xixe siècle soulignent les contraintes pesant sur l’individu et les effets produits par le milieu sur le tempérament de leurs personnages.
Exemple : Balzac – le portrait de Gobseck, déterminé par son souci des économies, et Nana, par le pouvoir de séduction et le goût du luxe.
Parfois, l’individu reste en marge de la société par ses idées et son comportement qui choque, parce-qu’il ne répond pas aux attentes sociales.
Exemple : François Mauriac – Thérèse Desqueyroux, ou L’Étranger de Camus.
La difformité et la laideur sont synonymes de la faiblesse de la condition humaine, ce qui effraie la société moderne.
Exemple : Flaubert dans Madame Bovary – la description de l’agonie d’Emma.
L’individu réfléchit à connaître le fonctionnement de la société (L’Éducation sentimentale de Flaubert) et à son engagement moral et politique (Malraux – La Condition humaine), car il ne peut pas échapper à la morale sociale.
Dans La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette propose au lecteur du xviie siècle un voyage dans le temps d’Henri II :
« La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. » et « jamais cour n’a eu tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits. »
Dans ce cadre nous rencontrons bien des personnages historiques qui jouent un rôle important dans l’intrigue du roman, comme Marie Stuart, reine dauphine et reine de France, après la mort d’Henri II.
Madame de Lafayette parvient à créer un cadre entre Histoire et fiction. Exemple : les noms des protagonistes du roman : le duc de Nemours, le prince de Clèves et la princesse de Clèves sont attestés, mais l’auteure réécrit en partie l’Histoire.
Madame de Lafayette mêle l’Histoire et la fiction. Exemple : elle donne le sentiment que des personnages fictifs ont pu modifier le cours de l’Histoire, quand la princesse de Clèves et le duc de Nemours sont contraints de réécrire un billet pour tromper la reine. Mais la reine ne s’y trompe pas et elle accuse la reine dauphine : « cette pensée augmenta tellement la haine qu’elle avait pour cette princesse qu’elle ne lui pardonna jamais, et qu’elle la persécuta jusqu’à ce qu’elle l’eût fait sortir de France ».
Les pouvoirs de la passion et les charmes puissants sont dès l’incipit, durant tout le roman. Exemple (sur les liens qui unissent le roi à Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois et puissante maîtresse d’Henri II) : « quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle n’en était pas moins violente ».
Citations de Madame de La Fayette
„Les paroles les plus obscures d’un homme qui plaît donnent plus d’agitation que des déclarations ouvertes d’un homme qui ne plaît pas.” (La Princesse de Clèves, 1678)
„Je vous adore, je vous hais je vous offense, je vous demande pardon je vous admire, j’ai honte de vous admirer. Enfin il n’y a plus en moi ni de calme ni de raison.” (La Princesse de Clèves, 1678)
„Si vous jugez sur les apparences, vous serez souvent trompée : ce qui paraît n’est presque jamais la vérité.” (La Princesse de Clèves, 1678)
„Voici une question entre deux maximes : on pardonne les infidélités, mais on ne les oublie point. On oublie les infidélités, mais on ne les pardonne point.” (Lettre à Madame de Sévigné)
„On fait des reproches à un amant, mais en fait-on à un mari, quand on n’a qu’à lui reprocher de n’avoir plus d’amour ?” (La Princesse de Clèves, 1678)
„L’on est bien faible quand on est amoureux.” (La princesse de Montpensier, 1662)
„Ne craignez point de prendre des partis trop rudes et trop difficiles, quelqu’affreux qu’ils vous paraissent d’abord : ils seront plus doux dans les suites que les malheurs d’une galanterie.”
„L’amour fit en lui ce qu’il fait en tous les autres ; il lui donna l’envie de parler.” (La princesse de Montpensier, 1662)
Lecture audio de la fin du roman La Princesse de Clèves
” M. de Nemours pensa expirer de douleur en présence de celle qui lui parlait. Il la pria vingt fois de retourner à madame de Clèves, afin de faire en sorte qu’il la vît ; mais cette personne lui dit que madame de Clèves lui avait non seulement défendu de lui aller redire aucune chose de sa part, mais même de lui rendre compte de leur conversation. Il fallut enfin que ce prince repartît, aussi accablé de douleur que le pouvait être un homme qui perdait toutes sortes d’espérances de revoir jamais une personne qu’il aimait d’une passion la plus violente, la plus naturelle et la mieux fondée qui ait jamais été. Néanmoins il ne se rebuta point encore, et il fit tout ce qu’il put imaginer de capable de la faire changer de dessein. Enfin, des années entières s’étant passées, le temps et l’absence ralentirent sa douleur et éteignirent sa passion. Madame de Clèves vécut d’une sorte qui ne laissa pas d’apparence qu’elle pût jamais revenir. Elle passait une partie de l’année dans cette maison religieuse, et l’autre chez elle ; mais dans une retraite et dans des occupations plus saintes que celles des couvents les plus austères ; et sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables. ”
fin de la quatrième et dernière partie
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