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Misère de la philosophie (Karl Marx)

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Karl Marx

Karl Marx

 

 

 

Karl Marx

 

Réponse à la Philosophie de la misère de Proudhon
1847

Marx écrivit ces ouvrage dans le courant de l’hiver 1846-1847, alors qu’il résidait à Bruxelles. C’est une réponse à l’étude que Proudhon avait tait paraître en octobre 1846, sous le litre général de : Contradictions économiques, ou Philosophie de la misère. Comme on le voit dans sa correspondance avec Engels, Marx avait d’abord conçu sa réponse à Proudhon comme une brochure ; puis, à la rédaction, cette brochure est devenue un véritable volume. Marx l’écrivit en français ; les difficultés d’édition furent grandes et l’on connaît par la correspondance d’Engels un certain nombre des incidents qui l’accompagnèrent : difficultés avec l’éditeur, difficultés pour obtenir des comptes rendus dans les journaux et revues de l’époque, etc… Proudhon, qui, dès cette époque, jouait les personnages importants, lit le silence sur l’œuvre de Marx. C’était habile ; Marx était alors à Paris un inconnu. (Le Journal des écono­mistes, d’août 1846, le prenait pour un cordonnier : “ M. Marx est cordonnier ”, écrivait-il.) Le silence de Proudhon était donc habile, mais d’une habileté à courte vue. Ici, comme ailleurs, l’histoire a prononcé son jugement ; dans une lettre qui doit dater de novembre 1847, Engels rapporte une conversation qu’il eut avec Louis Blanc : Je lui avais écrit que je venais avec un mandat formel de la démocratie londonienne, bruxelloise, et rhénane et comme agent des chartistes… Je lui, dépeignis la situation de notre parti comme très brillante ; je lui dis que tu es notre chef : vous pouvez regarder M. Marx comme le chef de notre parti, c’est-à-dire de la fraction la plus avancée de la démo­cra­tie allemande, et son récent livre contre M. Proudhon comme notre programme. C’est Engels qui avait raison. D’ailleurs Proudhon devait s’en douter, lui qui faisait le silence au dehors sur l’œuvre de Marx, mais qui l’annotait avec beaucoup de soin dans le privé. Misère de la philosophie est dans l’ensemble de l’œuvre de Marx une étape d’une grande importance, c’est une œuvre à la fois de transition et de maturité. Elle constitue chez lui la première synthèse entre une philosophie méthodique et une économie politique à la fois objective et concrète. Jusque là, Marx avait eu tendance à traiter de ces deux disciplines de façon séparée ; il s’agissait pour lui de les mettre au point. L’expérience plus générale qu’il a acquise depuis son départ d’Allemagne, à Paris et à Bruxelles, sa participation à l’organisation du mouvement ouvrier à Paris, puis ses premières liaisons ouvrières internationales, et aussi, sans doute, la réflexion sur les erreurs de Proudhon lui permettent, pour la première fois, d’écrire une œuvre où l’explication marxiste appréhende la réalité la plus complète et se révèle décisive et totale, parce que, pour la première lois, elle ne renvoie pas à plus tard pour la mise en lumière d’autres aspects. La méthode marxiste se révèle ; elle peut commencer à s’appliquer au réel, dans la lutte réelle comme dans l’explication de la vie réelle. L’œuvre présente en plus un intérêt particulier pour nous, français. C’est proprement une œuvre de chez nous ; et le fait qu’elle fut écrite en notre langue n’est que le symbole de son importance pour le mouvement français. C’est qu’en effet, sous le nom permanent de proudhonisme, on a constamment tiré de chez nous la doctrine qui, depuis un siècle, a servi de paravent et de recommandation à tout ce qui déviait le mouvement ouvrier révolutionnaire vers l’aventure vaine et vers la négation de soi. Proudhoniens, ceux qui participèrent comme délégués français à la création de la première Internationale (avec la complaisance de Napoléon III), mais qui, Tolain en tête, se tinrent ensuite en dehors de la Commune. Proudho­niens, ceux qui, dans la Commune, empêchèrent de prendre les décisions immédiates qui auraient consolidé le mouvement. Proudhoniens, ceux qui, avant la première guerre mon­diale, voulaient écarter le mouvement ouvrier de toute action politique. Proudhoniens, en conséquence, ceux qui, à la mê­me époque, voulaient donner à l’ “ Action française ” une théo­rie ouvrière. Proudhonien de­puis toujours, Lagardelle, conseiller de Mussolini et minis­tre du Travail de Pétain. Proudho­niens, les rédacteurs de la Charte du travail. Proudho­niens, les journaux “ ouvrié­ristes ” de l’occupation hitlérienne. Le signataire de Munich, dans ses déclarations au congrès radical du printemps de 1946, ne s’est-il pas déclaré, lui aussi, proudhonien. ? Les défenseurs de Proudhon affirment qu’il n’est pas responsable de ceux qui se revendi­quent de lui. Mais, enfin, s’ils se revendiquent de lui dans leur lutte contre les organisations ouvrières, c’est bien parce que Proudhon leur donne des moyens de le faire. C’est dire l’importance fondamentale, pour le mouvement français, de cette œuvre de Marx. Après plus de cent ans, elle constitue toujours la meilleure défense doctrinale contre la confusion proudhonienne ; et l’étude des rapports entre Proudhon et Marx constitue toujours une expérience, à la fois historique et personnelle, dont on peut retirer le plus grand profit.

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