
Patricia Giorgi
Patricia Giorgi
Patricia Giorgi née en1962, alias Gebnout, corse pied noir d’Afrique noire (Zaïre), de formation comédienne et danseuse, écrit depuis 1988 les premiers poèmes du recueil « Les Tam-Tam de mon Cœur » qui deviendra un spectacle affable et modulable pour promouvoir la Poésie comme un Art vivant. Initiée aux danses traditionnelles et européennes, femme de tradition et de conviction, elle embrasse les deux cultures et de planches en planches, entre paroles et gestuelles, elle se révèle être une « griotte blanche ».Elle vit à Paris, enseigne également la méthode Pilates et anime les ateliers Plumes et Déliés Corps et Ecrits et d’art thérapie en milieu scolaire et pénitentiaire.
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Au seuil de te quitter l’Afrique
Au seuil de te quitter l’Afrique
J’ai mis ton manteau de musique l’amie
Et d’une gracieuse portée
LA, MI, que de notes enlevées !
Pour te chanter si dense
Le soupir de deux noirs, une blanche.
Un rythme, trois harmonies
Deux hanches de colonies.
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Marions le blé et le mil
Partageons le blé et le mil
Même farine qui nous nourrit
Partageons le pain
Marions nos couleurs
Libérons-nous de nos chaînes.
Unis dans les moissons
Que se déchainent nos cœurs
Sous le soleil d’un même dieu
Marions nos beaux boubous bleus
Aux longues jupes noires et poussiéreuses
Aux chemisiers et goulines blanc nuages
Aux regards durs et aux cœurs tendres des paysans.
Les roues du temps remontent à l’envers :
Les mamies, les papis, les cloches,
Les bonnets, les bérets,
Les charrues, les charrettes,
Les r roulés, les blés tressés,
Les tracteurs, les chevaux de traits,
Le travail de la terre,
Les troupeaux et le chien du berger,
Les chants de bruits et les bruits des champs
A l’ombre d’un chêne.
Partageons le blé et le mil
Même farine qui nous nourrit
Partageons le pain
Marions nos couleurs
Libérons-nous de nos chaînes
A l’ombre d’un chêne.
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Fuma ye l’arbre en toi
Fuma, Fuma yé !
Fuma, Fumama yé !
Au travers de grosses gouttes tièdes
Des horizons apparaissent
Paresse, paresse…
Légende Vaudou
Grenier à mil
Révérend Oro
Et mamie Wata
C’est par où, par Pahou ?
Par Cotonou ou Paracou ?
Comment ne pas s’aimer
Comment ne pas semer
Au rythme des djembés
Au son du balafon
Fuma Fuma yé !
Fuma Fumama yé !
Et toutes ces plantes sur terre d’argile
Crachats de Jésus
Feuilles rouges des ancêtres
Arbres à calebasses
Et ces odeurs de marché.
Comment ne pas s’aimer
Comment ne pas semer
En toute simplicité
C’est par où, par Pahou ?
***
Par Cotonou ou Paracou ?
Fuma, Fuma yé !
Fuma, Fumama yé !
Concert d’insectes
Canards chantant
Poursuites de lézards
Et perroquet dansant
Saba saba yé !
Vidé, vidé, pédé, pédé
Doucement, tout doux semant
Malembé, malembé
Pagayer, pagayer
C’est par ou ?
Par Pahou où par Ganvié ?
La vie sauvée pour retrouver la paix.
Comment ne pas mieux s’aimer
Comment ne pas mieux semer
Fuma Fuma yé !
Fuma Fumama yé !
Le Fuma c’est un grand arbre
Le fuma yé c’est l’arbre qui est en toi
Le Fumama yé c’est l’arbre
Que ta mère a mis en toi
Pour qu’il grandisse…
***
Comme une femme africaine
Ca fait longtemps déjà
Ca me parait si loin
Des kilomètres par centaines
Qui me séparent de toi.
J’ai grandi dans tes bras
Et dans ton étouffante chaleur
Et j’ai du mal à contenir ma peine
Quand je pense à là-bas.
Là-bas tout est si différent
Je reviendrai à toi.
Comme une femme africaine
Des mondes de joie
Comme une femme africaine
Tout près de toi.
Amoureuse
De tes sols poussiéreux
De tes trottoirs sinueux.
Tes vapeurs de sorcière
Tes rayons venus des ères
A jamais sur ma peau se collèrent.
C’est un blues qui bout en moi
Au rythme de tes fleuves.
Le rythme de ton sang
Dans mes veines
Je suis comme une femme africaine.
Comme une femme africaine
Des mondes de joie
Un tam-tam aigre-doux
Mon cœur fait tam-tam for you
Tendre passionnée
Tu m’attires de ta beauté
Tes nuits chaudes sans été
La volupté de tes noirs émaillés
Mes doigts pianotent
Sur ton dos cambré.
La musique te chante
Et le vent te flatte.
Poète né dans ton sang
Qui s’élance sous chaque arbre
Comme la flèche du guerrier.
Au creux de ton âme, à jamais liée
Le rythme de ton sang dans mes veines
Je suis comme une femme africaine.
Comme une femme africaine,
Des Mondes de joie
Libre à toi Afrique, libre à moi
Afrique libre à toi,
Des Mondes de Joie.
Patricia Giorgi, tous droits réservés