Edmond Michon – chronique
Les années passent, les générations se succèdent, certains souvenirs se sont effacés par le vent qui éloigne le grain de sable, par le chiffon qui efface le tableau, le flux et le reflux sur la plage, ou encore par une volonté peureuse, une autocensure effrayée. D’autres, au rythme où le sable s’écoule dans un sablier infini ne tarderont pas à s’enfoncer dans l’oubli comme un individu piégé par des sables mouvants. Des hommes crurent, persuadés, apporter des remèdes aux maux de l’humanité, par insouciance, par ignorance, calcul ou ambition. Ils ne firent qu’accélérer les épidémies qui ravageaient déjà notre société. D’autres encore, idoles de peuples qui voyaient en eux un lendemain ensoleillé, portèrent au pouvoir des monstres qui, en quelques années, déshumanisèrent des sociétés entières et firent périr la notion sacrée même d’Etre Humain, la notion sacrée d’Homme ! Ce ne sont pas quelques sursauts qui vont guérir l’animal malade, mais bien un traitement de cheval, non encore expérimenté et dont je ne suis pas sûr qu’il réussisse. Le penseur : l’être humain, le moyen : l’être humain, le but l’être humain.
Ah ma fontaine, tu coules et tu ne te soucies pas de ce qui se déroule autour de toi. Tel où l’homme conduit la planète, peut-être un jour, toi-même, disparaîtras-tu aussi ?
Mais tu coules, et ton ruissellement, moteur au son accueillant d’une pendule éternelle, tu inspires à l’âme en proie au doute des évidences qu’elle avait simplement oubliées.
Poète, qui es-tu aujourd’hui ? La notion d’Humanité a disparu comme celle d’Homme à coups de génocides, de guerre, d’épurations ethniques , de solutions finales. Aux catastrophes d’aujourd’hui on répond par la solidarité, la générosité, l’empathie, mais cette notion disparue ne permet pas des réponses à la hauteur de sa grandeur.
Bien sûr, quelques fous utopiques, ont , au yeux de l’opinion, la bêtise de croire que cette flamme brûle en chacun de nous, mais qu’elle est plus ou moins recouverte d’une terre pourrie, stérile qui l’empêche d’émerger.
Je fais partie de ces pauvres fous qui ne vivent pas à lère du numérique, mais à l’heure humaine, qui ne suit pas le rythme économique mais le cycle solaire où seule, la profondeur du ressenti, de ce qui est offert, de ce qui est donné comptent pour l’humanité !