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Littérature française – Auteurs à connaître au bac de français
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Présentation
Phèdre est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine, créée le 1er janvier 1677 sous le titre Phèdre et Hippolyte.
La pièce de 1 654 alexandrins est inspirée de la mythologie grecque, un sujet de la mythologie antique déjà traité par les poètes tragiques grecs et romains.
Elle met en scène l’amour incestueux conçu par Phèdre, femme de Thésée, pour Hippolyte, fils de Thésée et d’une Amazone.
C’est la dernière tragédie profane de Racine, suit Iphigénie et elle est suivie d’un long silence de douze ans au cours duquel Racine est l’historiographe du roi Louis XIV et il se consacre à la religion.
Les sources d’inspiration sont le poète grec Euripide, avec sa tragédie Hippolyte porte-couronne, Sénèque, philosophe et poète romain, mais aussi les Héroïdes d’Ovide, et l’Énéide de Virgile, en particulier Les Amours de Didon et Énée.
Racine voit en cette pièce « la meilleure de ses tragédies », car Phèdre lui apparaît comme l’héroïne tragique parfaite, l’intrigue tout à fait vraisemblable et le sujet propre à élever la vertu des spectateurs par la condamnation des passions et des vices.
PERSONNAGES
THÉSÉE, fils d’Égée, roi d’Athènes.
PHÈDRE, femme de Thésée, fille de Minos et de Pasiphaé.
HIPPOLYTE, fils de Thésée, et d’Antiope, reine des Amazones.
ARICIE, princesse du sang royal d’Athènes.
THÉRAMÈNE, gouverneur d’Hippolyte.
ŒNONE, nourrice et confidente de Phèdre.
ISMÈNE, confidente d’Aricie.
PANOPE, femme de la suite de Phèdre.
Gardes.
La scène est à Trézène, ville du Péloponnèse.
Résumé
ACTE I. Le tragique exposé, morts et aveux
Scène 1
Hippolyte dit à son gouverneur, Théramène, qu’il s’apprête à quitter Trézène pour rechercher son père, le roi Thésée, mais aussi son amour interdit pour Aricie.
Scène 2
Phèdre apparaît et Hippolyte s’enfuit.
Scène 3
Phèdre déclare à sa nourrice, Œnone, son souhait de mourir, à cause de son amour coupable pour Hippolyte, fils de son mari, Thésée.
Scène 4
Après la mort de Thésée, on ouvre la succession à trois prétendants : Hippolyte, Phèdre et Aricie, princesse déchue, la descendante de Pallante.
Scène 5
La mort de Thésée donne à Œnone l’occasion d’essayer de détourner Phèdre de ses projets de suicide en lui faisant entendre que son intérêt politique la lie à Hippolyte.
ACTE II. Déclaration d’amour.
Scène 1
Aricie avoue à Ismène, sa confidente, qu’elle aime Hippolyte. Ismène assure Aricie de l’amour d’Hippolyte.
Scène 2
Hippolyte avoue son amour et déclare à Aricie qu’il est prêt à lui laisser le trône.
Scène 3
Phèdre vient et souhaite le rencontrer.
Scène 4
Hippolyte ordonne à Théramène de revenir pour lui donner l’occasion d’écourter l’entretien avec Phèdre.
Scène 5
Phèdre en proie à une « folle ardeur » lui déclare son amour, et arrache son épée pour se tuer, avant qu’Œnone n’arrête son geste.
Scène 6
Théramène revient pour annoncer que les navires n’attendent qu’un ordre pour mettre à la voile, qu’à Hippolyte les Athéniens préfèrent Phèdre et pensent que Thésée n’est peut-être pas mort.
ACTE III. Le roi Thésée revient.
Scène 1
Phèdre ne peut renoncer à son amour et espère encore de gagner l’amour d’Hippolyte.
Scène 2
Phèdre invoque Vénus pour venger l’indifférence qu’Hippolyte a toujours témoignée à la déesse.
Scène 3
Œnone annonce que Thésée vient de rentrer.
Scène 4
Thésée revient et son épouse lui réserve un accueil glacial.
Scène 5
Hippolyte annonce à son père son départ imminent.
Scène 6
Hippolyte se laisse aller à « de noirs pressentiments » pour finalement se convaincre que son innocence le protègera. Son amour pour Aricie ne peut être ébranlé.
ACTE IV. Calomnie d’Hippolyte et malédiction.
Scène 1
Œnone calomnie Hippolyte. Il le rend odieux aux yeux de Thésée.
Scène 2
Thésée maudit Hippolyte, malgré ses dénégations. Il le chasse en priant Neptune de se faire l’instrument de sa vengeance. Hippolyte accusé ne dénonce pas Phèdre.
Scène 3
Thésée clame la nécessité qu’il soit vengé malgré l’amour qu’il portait à son fils.
Scène 4
Phèdre vient auprès de Thésée pour retenir la vengeance. Il lui apprend qu’Hippolyte aime Aricie.
Scène 5
Monologue de Phèdre, qui se refuse à défendre celui qui la dédaigne pour une autre.
Scène 6
Perdue de désespoir, Phèdre maudit Œnone qu’elle accuse de l’avoir détournée de ses projets pour la mettre en présence d’Hippolyte qu’elle a ensuite calomnié.
ACTE V. Le tragique dénoué, morts et expiation
Scène 1
Aricie veut s’enfuir avec Hippolyte, non sans s’être unis auparavant par les liens du mariage, mais celui-ci refuse pour la protéger.
Scène 2
Thésée veut chercher des éclaircissements auprès d’Aricie.
Scène 3
Thésée essaie de ternir l’amour qu’Aricie professe pour Hippolyte, mais elle insinue que le « monstre » n’est pas celui qu’il croit.
Scène 4
Thésée décide d’interroger à nouveau Œnone.
Scène 5
Thésée est informé du suicide d’Œnone par noyade et de l’égarement de Phèdre. Il prie Neptune de ne pas exaucer son vœu de vengeance à l’égard d’Hippolyte.
Scène 6
Théramène annonce à Thésée la mort de son fils dans le combat qui l’a opposé à un monstre marin précipité sur la terre.
Scène 7
Phèdre vient d’absorber une dose de poison. Elle avoue sa faute à Thésée avant de mourir.
Le père annonce qu’il va rendre les derniers honneurs à son fils et adopter celle qu’il aimait.
Phèdre, parcours : Passion et Tragédie
La tragédie classique s’appuie sur des règles précises fixant le cadre dans lequel l’action est circonscrite et sur la nécessité d’obéir à la bienséance.
Pour écrire Phèdre, Racine s’inspire de la tragédie antique en illustrant les notions de mimèsis et de catharsis, tout en répondant aux exigences de la tragédie classique.
Telle qu’Aristote la concevait, la tragédie repose sur la mimèsis, à savoir non pas une simple imitation du réel, mais un réel retravaillé par la création poétique.
Il importe de rendre l’histoire crédible au spectateur tout en veillant à « l’intrigue, les caractères, l’expression, la pensée, le spectacle. »
La règle dite des « trois unités » :
– l’unité d’action – la pièce doit reposer sur une seule intrigue.
Dans Phèdre, l’intrigue amoureuse porte sur la passion interdite de la reine. Il y a encore l’intrigue politique – l’amour d’Hippolyte pour Aricie que le roi ne peut accepter.
La présence de Thésée donne à l’action son unité.
– l’unité de lieu – l’histoire se déroule à Trézène.
– l’unité de temps – « La tragédie essaie autant que possible de tenir dans une seule révolution du soleil .», du matin où Hippolyte décide de se lancer à la recherche de son père et Phèdre de se donner la mort, jusqu’au soir où Hippolyte et Phèdre meurent.
La vocation morale de la tragédie est qu’elle doit aider le spectateur à se libérer de ses passions par l’effet d’une purgation – catharsis.
Cette libération ne sera possible que s’il éprouve pitié et terreur devant le comportement excessif et funeste des personnages, par exemple lorsqu’il se retrouve témoin de la passion coupable de Phèdre et de ses conséquences désastreuses.
Aristote pensait que « La tragédie est l’imitation d’une action grave et complète. » Elle se nourrit du sublime, elle a à voir avec la grandeur, l’exaltation, le pathétique ou le lyrisme, le dépassement des contingences humaines, les forces de la nature et la puissance des Dieux. L’auteur de tragédies veille à ne jamais heurter le bon goût et les sentiments élevés. Pour cela, la mort sur scène doit être évitée, la vue du sang bannie et les personnages de rang supérieur ne sauraient se livrer à des actes infâmes.
Le héros de Racine est un héros tragique.
Hippolyte et Aricie s’aiment, mais Aricie, « reste d’un sang fatal », ne peut épouser le fils du meurtrier de ses frères, Thésée.
Le sang versé réclame que l’honneur familial soit vengé et trouve réparation dans celui d’Hippolyte :
« De son généreux sang la trace nous conduit:
Les rochers en sont teints ; les ronces dégouttantes
Portent de ses cheveux les dépouilles sanglantes. »
On sait que le demi-frère de Phèdre, le Minotaure, a été tué par Thésée, et sa sœur Ariane abandonnée par le même Thésée qui est devenu son époux.
La fatalité vient du sang et de la volonté des dieux.
Phèdre est « la fille de Minos et de Pasiphaé », petite-fille du dieu-soleil Hélios.
Elle ne peut échapper à la colère que Vénus voue à son grand-père pour avoir jeté la lumière sur ses amours coupables avec Mars, dieu de la guerre. Sa sœur Ariane fut tuée par Artémis sur ordre de Dionysos jaloux. C’est Neptune encore qui fera périr Hippolyte sur les prières de Thésée.
Thèmes
Les amours et les monstres naissent dans les familles mythologiques, car les membres en sont eux-mêmes souvent monstrueux.
Par exemple, la mère de Phèdre a une relation avec un taureau blanc dont naîtra le Minotaure, et comme ça Phèdre a un monstre pour demi-frère, et Hippolyte périt devant un monstre marin.
Phèdre, parlant d’elle-même implore Hippolyte : « Délivre l’univers d’un monstre qui t’irrite » .
Aricie tente de faire comprendre à Thésée que parmi les « monstres sans nombre » dont il a débarrassé le monde, il ne doit pas oublier sa propre épouse.
Œnone aussi est un monstre : « Va-t-en, monstre exécrable » , lui intime sa maîtresse.
Hybris et Némésis
Dans la conception grecque reposait l’idée que le monde est régi par des lois, par un ordre universel.
Hybris et Némésis sont la faute, l’erreur qui mène à l’égarement, et la punition. Némésis, qui a les couleurs du péché, est la fille de la Nuit et du Chaos et symbolise la colère divine et le châtiment qui rappelle à l’homme ses limites. Phèdre est égarée par sa passion. Elle enfreint l’ordre moral, familial et social, et paye les fautes commises à l’égard des divinités.
Racine pense que le théâtre doit être « une école où la vertu n’est pas moins enseignée que dans les écoles des philosophes. »
Il nous assure que dans cette pièce « la seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le crime même » que « les passions n’y sont présentées que pour montrer tout le désordre dont elles sont causes » et que le poète doit faire « connaître et haïr la difformité » – mot qui signifie le monstre.
Eros et Thanatos
Selon la Théogonie d’Hésiode, Eros est né du Chaos. « Érôs, qui rompt les forces, et qui de tous les Dieux et de tous les hommes dompte l’intelligence et la sagesse dans leur poitrine . »
Phèdre fait l’aveu de ses sensations :
« Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler. »
Comme ça, elle rappelle les paroles de Socrate dans Phèdre : « Les amants eux-mêmes avouent qu’ils sont malades plutôt que sains d’esprit ; ils ont conscience de leurs sentiments insensés, mais ils ne peuvent pas se rendre maîtres d’eux-mêmes. »
Hippolyte aussi avoue : « Je vois que la raison cède à la violence ».
« Maintenant je me cherche, et ne me trouve plus. » .
Si la raison ne peut dominer Eros, alors la tragédie ne voit d’autre issue que la mort. Eros est le principe primordial de vie et il est indissociable de son opposé Thanatos.
Phèdre sait que sa passion pour Hippolyte est porteuse de mort et pourtant, elle ne peut s’empêcher d’y succomber, mais elle sait qu’il lui faut mourir.
Eros et Antéros
Eros a un frère méconnu, appelé Antéros, qui revêt plusieurs visages. Il peut être l’amour réciproque, ce qui fait dire à Socrate dans le Phèdre que l’amour que ressent l’être aimé « est l’image réfléchie de l’amour (antéros) qu’a pour lui son amant. »
Il peut être aussi celui qui venge Eros lorsqu’il est dédaigné et devient ainsi, paradoxalement, l’opposé d’Eros : le désamour, la froideur, l’éloignement, l’antipathie, la haine.
Eros, en rapprochant les êtres, et Antéros, en empêchant le rapprochement de ceux dont l’union serait source de désordre, ils préviennent tous deux le retour du Chaos primitif.
L’amour de Phèdre pour Hippolyte, comme celui d’Hippolyte pour Aricie introduisent le chaos dans l’ordre familial, social, politique. « Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause », disait Racine dans sa préface.
Eros et Antéros les conduiront tous deux à une mort certaine (thanatos) qui seule pourra rétablir l’ordre.
Citations
*
« Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. »
*
« Quand tu sauras mon crime et le sort qui m’accable,
Je n’en mourrai pas moins, j’en mourrai plus coupable. »
*
« Ariane, ma sœur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! »
*
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue,
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue. »
*
« D’un incurable amour remèdes impuissants ! »
*
« Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée
C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. »
*
« C’est peu de t’avoir fui, cruel, je t’ai chassé.
J’ai voulu te paraître odieuse, inhumaine,
Pour mieux te résister, j’ai recherché ta haine.
De quoi m’ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins. »
*
« Ses yeux, qui vainement voulaient vous éviter,
Déjà pleins de langueur ne pouvaient vous quitter.
Le nom d’amant peut-être offense son courage.
Mais il en a les yeux, s’il n’en a le langage. »
Ismène à propos d’Hippolyte
*
« Mes crimes désormais ont comblé la mesure.
Je respire à la fois l’inceste et l’imposture » Phèdre
*
Citations célèbres pour leur métrique parfaite :
« La fille de Minos et de Pasiphaé. »
« Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur. »
La seconde n’est constituée que de monosyllabes.
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