Ces heures dont le clair travail accomplissait
La charmante merveille où tout regard s’arrête
Blesseront quelque jour cette chose bien faite,
Ravissant la beauté de qui nous ravissait ;
Car le temps, sans répit, mènera le succès
De l’été triomphant à l’hiver, sa défaite ;
Le froid surprend la fleur ; la feuille, de son faîte,
S’abat ; la neige enfin recouvre un noir décès.
Mais l’esprit, mais l’essence adorable demeure,
Le parfum de l’été dans sa prison de gel,
Afin qu’à tout jamais toute gloire ne meure :
Ce n’est donc qu’un aspect fugitif que l’on pleure,
Et la fleur, distillée en délice immortel,
Au mépris de l’hiver nous ravit tout à l’heure.