Victor Hugo (biographie et L’Œuvre) est un poète, dramaturge, écrivain, chef de file du mouvement romantique français et dessinateur romantique français, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française, personnalité politique et intellectuel engagé qui a eu un rôle idéologique majeur et occupe une place marquante dans l’histoire des lettres françaises au xixe siècle.
Les Contemplations est un recueil de poèmes, écrit par Victor Hugo, publié en 1856. Il est composé de 158 poèmes rassemblés en six livres.
C’est un recueil du souvenir, qui prend une place prépondérante, de l’amour, de la joie et de la mort. Il est également un hommage à sa fille Léopoldine Hugo, morte noyée dans la Seine.
Les plus beaux poèmes de Victor Hugo :
Que signifie le parcours : les mémoires d’une âme
Dans la préface, Hugo définit Les Contemplations :
« Qu’est-ce que les Contemplations ? C’est ce qu’on pourrait appeler, si le mot n’avait quelque prétention, les Mémoires d’une âme » .
Ce sont : « toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre. C’est l’existence humaine sortant de l’énigme du berceau et aboutissant à l’énigme du cercueil ; c’est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l’amour, l’illusion, le combat, le désespoir, et qui s’arrête éperdu « au bord de l’infini ». Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l’abîme » .
« c’est une âme qui se raconte dans ces deux volumes : Autrefois, Aujourd’hui. Un abîme les sépare, le tombeau » .
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La structure du livre
C’est une autobiographie versifiée, qui s’organise en deux parties, respectivement intitulées Autrefois et Aujourd’hui, comprenant chacune trois chapitres.
* Autrefois (1830 – 1843)
- Aurore – le livre de la jeunesse, qui évoque les souvenirs de collège du poète, ses premiers émois amoureux et ses premières luttes littéraires.
- L’âme en fleur – le livre des amours, constitué de poèmes évoquant son union avec Juliette Drouet.
III. Les luttes et les rêves – le livre de la pitié pour la misère du monde.
* Aujourd’hui (1843 – 1855)
- Pauca Meae – le livre du deuil pour sa fille Léopoldine, morte à 19 ans.
- En marche – le livre de l’énergie retrouvée où le poète expatrié va chercher de nouvelles raisons de vivre et de méditer.
- Au bord de l’infini – le livre des certitudes, avec une ambiance fantastique et surnaturelle, traversée de spectres, d’anges et d’esprits qui apportent des révélations au poète, l’angoisse et l’espérance.
À celle qui est restée en France – Épilogue composé de huit sections, dédié à Léopoldine Hugo, la fille du poète morte noyée dans la Seine.
Les thèmes des Contemplations
Les Contemplations c’est un recueil de l’amour, mais aussi sur le lyrisme amoureux et la nature, œuvre du deuil et de la mystique.
Les Contemplations sont pour Hugo l’occasion d’affirmer sa croyance en l’immortalité de l’âme et en la métempsycose.
Recueil de l’amour
L’amour dans les Contemplations est source de bonheur et de joie. Il prend différentes formes : l’amour bête de l’enfance, par exemple Vieille chanson du jeune temps, amour où l’expression des sentiments est maladroite et hésitante.
L’amour sensuel, où la sensualité est soit discrète, soit érotique.
Lyrisme amoureux et nature
Les poèmes de l’amour sont aussi des poèmes de la nature, car le lyrisme amoureux se mêle au lyrisme de la nature. L’amour est une source de plénitude, de bonheur à deux et de communion avec la nature.
Hugo exprime la nature et l’amour sous la forme de poèmes brefs. Il se concentre sur quelques parties de la réalité dans une image fragmentée. Sur la nature, Hugo évoque un arbre et ses branches, ou la rive. La nature est l’espace privilégié de la fusion du poète et de la femme aimée.
Recueil comme œuvre du deuil
Les Contemplations sont un recueil de la nostalgie et du souvenir de Léopoldine, la fille du poète, qui meurt noyée dans la Seine avec son mari le 4 septembre 1843.
C’est une expérience douloureuse, dont le destinataire semble être d’abord sa fille Léopoldine, à laquelle Hugo s’adresse : « vois-tu, je sais que tu m’attends ».
Hugo évoque les moments heureux passés avec sa fille et les contes qu’il racontait à ses enfants. Le titre pauca meae signifie „peu de choses” et „la mienne”, c’est à dire „le peu de choses qu’il reste pour, ou de ma fille”, ou bien „Peu de vers pour ma chère fille”.
Pauca meae est un recueil des poèmes de la souffrance.
Hugo ne cesse d’interroger Dieu quant au sens du décès de Léopoldine, mort qui fait vaciller la foi de Hugo et sa confiance en Dieu. Le poète avoue son incapacité à comprendre les desseins de Dieu et esquisse par là l’idée que la vie se termine par un mystère que nul ne peut comprendre.
La langue et la poésie de Hugo se caractérisent par leur simplicité, et il évite d’exagérer son lyrisme personnel, écrivant par exemple : « Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe/ Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur » comme pour rejeter un sentimentalisme facile.
La Mystique
L’expérience de tables tournantes chez Delphine de Girardin, en 1853, permet au poète de se former une nouvelle religion, évoquée dans « Ce que dit la bouche d’ombre », où panthéisme et christianisme s’y mêlent pour former une pensée qui relève aussi bien de la religion que de la philosophie.
Le dieu de Hugo serait plutôt la voix de la conscience, un dieu tout-puissant mais inconnaissable pour l’homme, une entité universelle et libérée de toute religion. Le caractère surnaturel de la poésie lui permettrait de traduire la voix de l’au-delà et le poète est pour lui un voyant et un messager de l’infini.
La quête métaphysique
C’est la quête qui mène le « je » vers son passé, avec des accents métaphysiques. La voix poétique veut « aller au bord de l’infini », quand « le ciel s’ouvre à ce chant comme une oreille immense » et « l’infini tout entier d’extase se soulève » (I, 4). Le poète évoque souvent Dieu ou le ciel, qui représente l’infiniment grand, âme qui voyage tout au long des Contemplations, pour aller dans le passé, mais aussi pour explorer d’autres univers et même d’autres corps.
La misère et la pauvreté du monde
C’est le livre III, Les luttes et les rêves – le livre de la pitié et le premier pas vers la considération de la misère du monde, qui précède Les Misérables.
Les mémoires d’une âme collective
Les Contemplations sont un point de rencontre entre l’histoire individuelle et collective.
Les Contemplations sont les mémoires d’une âme, celle de Victor Hugo, mais aussi d’une âme collective du peuple français du XiX siècle.
Exemple de poèmes célèbres :
- Demain, dès l’aube… (IV, 14)
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
3 septembre 1847
Ce poème est composé de trois quatrains d’alexandrins en rimes croisées,et il n’a pas de titre, si bien qu’on le désigne traditionnellement par son incipit, c’est-à-dire les premiers mots qui le composent. Il constitue le poème XIV de Pauca meae (quelques vers pour ma fille), livre quatrième des Contemplations, qui ouvre la deuxième partie intitulée Aujourd’hui.
Ce poème est écrit comme le discours d’un narrateur qui raconte de quelle manière il va partir le lendemain dès l’aube et, sans jamais se laisser distraire par son environnement, marcher à travers la campagne pour rejoindre un interlocuteur restant inconnu, pour le moment. Ce voyage s’avère plus tragique qu’on aurait pu l’imaginer, puisque la fin du poème révèle que cette personne chère est en fait morte, et qu’il se rend dans un cimetière pour fleurir sa tombe.
Ce poème est autobiographique et Victor Hugo s’y adresse à sa fille Léopoldine, disparue quatre ans plus tôt, noyée accidentellement avec son mari. Victor Hugo allait sur sa tombe tous les jeudis.
- Aimons toujours ! Aimons encore (II, 22)
Aimons toujours ! Aimons encore !…
Quand l’amour s’en va, l’espoir fuit.
L’amour, c’est le cri de l’aurore,
L’amour, c’est l’hymne de la nuit.
Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l’astre dit aux nuages,
C’est le mot ineffable : Aimons !
L’amour fait songer, vivre et croire.
Il a, pour réchauffer le cœur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon, c’est le bonheur !
Aime ! qu’on les loue ou les blâme,
Toujours les grands cœurs aimeront.
Joins cette jeunesse de l’âme
À la jeunesse de ton front !
Aime, afin de charmer tes heures !
Afin qu’on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux !
Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour !
Soyons le miroir et l’image !
Soyons la fleur et le parfum !
Les amants, qui, seuls sous l’ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu’un !
Les poëtes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grands fronts brûlants et rêveurs.
Venez à nous, beautés touchantes !
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !
Ange ! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi !
Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n’est point moqueur ;
Car les poëtes sont les vases
Où les femmes versent leur cœur.
Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l’onde
Tout ce qui n’est que vanité,
Je préfère aux biens dont s’enivre
L’orgueil du soldat ou du roi,
L’ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.
Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l’on se dit : Qu’en reste-t-il ?
Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S’effeuille et meurt, lys, myrte ou rose,
Et l’on se dit : C’est donc fini !
L’amour seul reste. Ô noble femme,
Si tu veux, dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l’amour !
Conserve en ton cœur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s’éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir !
- Je respire où tu palpates (II, 25)
Je respire où tu palpites,
Tu sais ; à quoi bon, hélas !
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t’en vas ?
A quoi bon vivre, étant l’ombre
De cet ange qui s’enfuit ?
A quoi bon, sous le ciel sombre,
N’être plus que de la nuit ?
Je suis la fleur des murailles
Dont avril est le seul bien.
Il suffit que tu t’en ailles
Pour qu’il ne reste plus rien.
Tu m’entoures d’Auréoles;
Te voir est mon seul souci.
Il suffit que tu t’envoles
Pour que je m’envole aussi.
Si tu pars, mon front se penche ;
Mon âme au ciel, son berceau,
Fuira, dans ta main blanche
Tu tiens ce sauvage oiseau.
Que veux-tu que je devienne
Si je n’entends plus ton pas ?
Est-ce ta vie ou la mienne
Qui s’en va ? Je ne sais pas.
Quand mon orage succombe,
J’en reprends dans ton coeur pur ;
Je suis comme la colombe
Qui vient boire au lac d’azur.
L’amour fait comprendre à l’âme
L’univers, salubre et béni ;
Et cette petite flamme
Seule éclaire l’infini
Sans toi, toute la nature
N’est plus qu’un cachot fermé,
Où je vais à l’aventure,
Pâle et n’étant plus aimé.
Sans toi, tout s’effeuille et tombe ;
L’ombre emplit mon noir sourcil ;
Une fête est une tombe,
La patrie est un exil.
Je t’implore et réclame ;
Ne fuis pas loin de mes maux,
O fauvette de mon âme
Qui chantes dans mes rameaux !
De quoi puis-je avoir envie,
De quoi puis-je avoir effroi,
Que ferai-je de la vie
Si tu n’es plus près de moi ?
Tu portes dans la lumière,
Tu portes dans les buissons,
Sur une aile ma prière,
Et sur l’autre mes chansons.
Que dirai-je aux champs que voile
L’inconsolable douleur ?
Que ferai-je de l’étoile ?
Que ferai-je de la fleur ?
Que dirai-je au bois morose
Qu’illuminait ta douceur ?
Que répondrai-je à la rose
Disant : ” Où donc est ma soeur ?”
J’en mourrai ; fuis, si tu l’oses.
A quoi bon, jours révolus !
Regarder toutes ces choses
Qu’elle ne regarde plus ?
Que ferai-je de la lyre,
De la vertu, du destin ?
Hélas ! et, sans ton sourire,
Que ferai-je du matin ?
Que ferai-je, seul, farouche,
Sans toi, du jour et des cieux,
De mes baisers sans ta bouche,
Et de mes pleurs sans tes yeux !
- Melancholia (III, 2)
C’est un poème de Victor Hugo, en alexandrins. Le poète y dénonce le travail dur et pénible des enfants, aussi comme aux Misérables, où Victor Hugo dénonce les conditions de travail et de vie de son époque.
Extrait
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d’airain, tout est de fer.
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre Père, voyez ce que nous font les hommes ! »
Ô servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu’a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait — c’est là son fruit le plus certain —
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? Que veut-il ? »
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l’homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l’on s’abâtardit,
Maudit comme l’opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux !
De nos jours, Victor Hugo reste une grande inspiration. La Colonne du Savoir, monument en bronze de 3,50 m de haut sculpté par Arnaud Kasper, est la symbolique de la construction de la vie d’un homme et la représentation du travail fourni par Victor Hugo, ses combats pour la défense des droits de tous les hommes, ses discours, ses romans, ses pièces, ses œuvres artistiques.