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Littérature française – Auteurs à connaître au bac de français
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0:00:00 Voltaire – Présentation, Esprit des Lumières
0:10:41 Traité sur la tolérance – Analyse, Résumé
Présentation
François-Marie Arouet, dit Voltaire, né le 21 novembre 1694 à Paris et mort le 30 mai 1778, est un écrivain, philosophe et homme d’affaires français, le premier philosophe engagé, témoin et acteur de son temps.
Il est le représentant le plus connu de la philosophie des Lumières, et a marqué le xviiie siècle.
Voltaire aime les arts et les sciences et marque son époque par sa production littéraire et ses combats politiques. Son influence est décisive sur les classes fortunées libérales avant la Révolution française et pendant le début du xixe siècle.
Voltaire est fils de bourgeois parisien, sujet d’une monarchie absolue, qui reçoit une éducation classique dans le meilleur collège de la capitale. Son esprit se forme dans la fréquentation de la société du Temple. Il aime l’argent, le luxe, le monde, le théâtre et fréquente les princes et les rois. Persuadé que la liberté d’esprit est inséparable de l’aisance matérielle, il devient riche et mène à Ferney une vie de seigneur.
Voltaire se pense en responsable du clan philosophique et son objectif est de faire pénétrer peu à peu les Lumières au sommet de l’État. C’est un écrivain engagé, pessimiste mais d’humeur gaie. Déiste, il hait la religion chrétienne. Esprit précis et positif, son arme est l’ironie et c’est à l’esprit qu’il s’adresse.
Voltaire est déiste : il croit qu’il existe un dieu-horloger, qui a créé le monde : « L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. »
Voltaire est aussi un farouche adversaire du fanatisme religieux et de l’intolérance. Il dénonce les superstitions qui éloignent l’homme de la raison.
Il lutte pour la mise en œuvre d’une véritable justice et a exercé une influence considérable sur son temps.
Lumières
Les Lumières sont un mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel qui émerge dans la seconde moitié du xviie siècle avec des philosophes comme Spinoza, Locke, Bayle et Newton.
On a donné à cette période le nom de siècle des Lumières.
Par leur engagement contre les oppressions religieuses et politiques, les membres de ce mouvement se voyaient comme une élite avancée œuvrant pour un progrès du monde. Combattant l’irrationnel, l’arbitraire, l’obscurantisme et la superstition des siècles passés, ils ont procédé au renouvellement du savoir, de l’éthique et de l’esthétique de leur temps. L’influence de leurs écrits a été déterminante dans les grands événements de la fin du xviiie siècle que sont la Déclaration d’indépendance des États-Unis et la Révolution française.
Le mouvement de renouveau intellectuel et culturel des Lumières découle d’un contexte spécifique de maturation des idées héritées de la Renaissance. De manière très générale, sur les plans scientifique et philosophique, les Lumières voient le triomphe de la raison sur la foi et la croyance; sur les plans politique et économique, le triomphe de la bourgeoisie sur la noblesse et le clergé.
Emmanuel Kant donne des Lumières la définition suivante : « Les Lumières c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est la devise des Lumières ».
Les valeurs essentielles défendues par les hommes des Lumières sont la tolérance, la liberté et l’égalité. Ces valeurs débouchent sur la définition de nouveaux droits naturels et sur une séparation des pouvoirs politiques. À ces valeurs s’ajoutent le goût de la Nature et le culte de la raison.
« Aujourd’hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. »
— Montesquieu
L’étude des articles d’astronomie de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert montre que c’est une représentation héliocentrique et une philosophie mécaniste qui assurent la cohérence de l’ouvrage et imprègnent l’esprit des Lumières.
La figure idéale des Lumières est le philosophe, homme de lettres avec une fonction sociale qui exerce sa raison dans tous les domaines pour guider les consciences, prôner une échelle de valeurs et militer dans les problèmes d’actualité. C’est un intellectuel engagé qui intervient dans la société, un « honnête homme qui agit en tout par raison » (Encyclopédie), « qui s’occupe à démasquer des erreurs » (Diderot).
Les penseurs des Lumières peuvent être capables de rigueur intellectuelle mais aussi de sensibilité.
Esprit des Lumières
Le siècle des Lumières est un mouvement philosophique, littéraire et culturel que connaît l’Europe du xviiie siècle (de 1715 à 1789) et qui se propose de dépasser l’obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encouragent la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de « Lumières » a été consacré par l’usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants, de pensées ou de sensibilités et d’acteurs historiques.
« Siècle des Lumières » ? Le siècle se veut éclairé par la lumière métaphorique des connaissances — et non pas l’illumination divine, « émanation de l’absolu », utilisé exclusivement au singulier — acquises par l’expérience et l’enseignement du passé. Elle suggère aussi une vision manichéenne du monde, où l’« homme éclairé » s’oppose à la masse de ceux restés dans les ténèbres. La formule a donc une dimension tant sociale que spatiale. Sous la plume des philosophes, les « Lumières » désignent par métonymie les élites européennes ouvertes aux nouveautés, une « République des Lettres éclairées ».
L’historiographie française a retenu l’expression : « Le siècle des Lumières : siècle un, profondément, mais combien divers. La raison éclaire tous les hommes, elle est la lumière, ou plus précisément, ne s’agissant pas d’un rayon, mais d’un faisceau, les Lumières ». L’image de la lumière renvoie à une coutume consistant à placer une bougie allumée à sa fenêtre pour annoncer un événement. Le voisin « illuminait » à son tour. De fenêtres en fenêtres les lumières éclairaient la nuit. Les philosophes séduits par cette pratique faisant de la transmission de l’information, de la connaissance, une chaîne de lumière et s’emparent de l’idée : ils transformeront la nuit de l’ignorance en clarté, guidés par la lumière de leur raison. Diderot écrit dans Addition aux pensées : « Si je renonce à ma raison, je n’ai plus de guide […]. Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n’ai qu’une petite lumière pour me conduire. »
La France possède de nombreux philosophes et écrivains des Lumières, notamment Montesquieu, Voltaire, Diderot, Beaumarchais, Rousseau et D’Alembert.
Les salons sont des lieux de diffusion de la culture. La liberté d’expression apparaît, ainsi que la notion d’égalité. Ils permettent aux encyclopédistes de faire passer leurs idées.
Les philosophes de Lumières sont ouverts au monde et sont pour toute forme de liberté. Tous les philosophes des Lumières cherchent à libérer les hommes de toutes croyances et superstitions. Mais leurs idées ont touché peu de monde car peu de personnes savaient lire à l’époque. Ils ont tout de même réussi à modifier les idées reçues.
Traité sur la tolérance
Le Traité sur la tolérance est une œuvre de Voltaire publiée en 1763, qui vise la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils afin d’éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme.
Voltaire invite à la tolérance entre les religions, vu le fanatisme religieux, plus particulièrement celui des jésuites, et présente un réquisitoire contre les superstitions liées aux religions.
À la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo, janvier 2015, le Traité de Voltaire se place au sommet des ventes des librairies un peu partout dans le monde.
Voltaire écrit le Traité suite au procès, à la condamnation à mort et à l’exécution de Jean Calas, père de famille huguenot, le 10 mars 1762.
Jean Calas avait une famille protestante, sauf sa servante catholique, et d’un de ses fils, converti au catholicisme.
Après la mort par suicide supposé de son fils aîné, la famille Calas se retrouve faussement accusée d’homicide volontaire, est mise aux fers et le père, à la demande populaire, est condamné à mort malgré l’absence de preuve, dans un contexte historique fortement marqué par les guerres de religions françaises des siècles précédents.
Jean Calas plaide son innocence jusqu’à sa mort, le procès est rejugé à Paris et, le 9 mars 1765, et la famille Calas est réhabilitée.
Résumé
La démarche philosophique de Voltaire pour faire progresser le concept de tolérance commence par un rappel des faits et poursuit en montrant que la tolérance devrait être naturelle pour le genre humain. Voltaire écrit sur les anciens Grecs et Romains, le martyr, le Judaïsme, et n’y trouve pas plus de trace d’intolérance.
Sur la Chrétienté, il donne sa conception du rapport entre Jésus-Christ et la tolérance en montrant constamment des signes de respect, d’allégeance, et en fournissant le plus possible de références chrétiennes comme Jésus-Christ lui-même, la Bible et les évangiles, et de nombreux auteurs chrétiens.
Voltaire n’oublie pas de faire sourire, et la fable chinoise finit de convaincre les rieurs, et entre la plaidoirie et la dissertation philosophique, ce texte mérite d’être étudié aussi pour son efficacité rhétorique.
La table des matières :
Histoire abrégée de la mort de Jean Calas
Conséquences du supplice de Jean Calas
Idée de la réforme du XVIe siècle
Si la tolérance est dangereuse, et chez quels peuples elle est permise
Comment la tolérance peut être admise
Si l’intolérance est de droit naturel et de droit humain
Si l’intolérance a été connue des Grecs
Si les Romains ont été tolérants
Des martyrs
Du danger des fausses légendes et de la persécution
Abus de l’intolérance
Si l’intolérance fut de droit divin dans le judaïsme, et si elle fut toujours mise en pratique
Extrême tolérance des Juifs
Si l’intolérance a été enseignée par Jésus-Christ
Témoignages contre l’intolérance
Dialogue entre un mourant et un homme qui se porte bien
Lettre écrite au Jésuite Le Tellier, par un bénéficier, le 6 mai 1714
Seuls cas où l’intolérance est de droit humain
Relation d’une dispute de controverse à la Chine
S’il est utile d’entretenir le peuple dans la superstition
Vertu vaut mieux que science
De la tolérance universelle
Prière à Dieu
Post-scriptum
Suite et conclusion
LECTURE AUDIO
Voltaire
Traité sur la tolérance
CHAPITRE VI.
SI L’INTOLÉRANCE EST DE DROIT NATUREL ET DE DROIT HUMAIN.
Le droit naturel est celui que la nature indique à tous les hommes. Vous avez élevé votre enfant, il vous doit du respect comme à son père, de la reconnaissance comme à son bienfaiteur. Vous avez droit aux productions de la terre que vous avez cultivée par vos mains. Vous avez donné et reçu une promesse, elle doit être tenue.
Le droit humain ne peut être fondé en aucun cas que sur ce droit de nature ; et le grand principe, le principe universel de l’un et de l’autre, est, dans toute la terre : « Ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît. » Or on ne voit pas comment, suivant ce principe, un homme pourrait dire à un autre : « Crois ce que je crois, et ce que tu ne peux croire, ou tu périras. » C’est ce qu’on dit en Portugal, en Espagne, à Goa. On se contente à présent, dans quelques autres pays, de dire : « Crois, ou je t’abhorre ; crois, ou je te ferai tout le mal que je pourrai ; monstre, tu n’as pas ma religion, tu n’as donc point de religion : il faut que tu sois en horreur à tes voisins, à ta ville, à ta province. »
S’il était de droit humain de se conduire ainsi, il faudrait donc que le Japonais détestât le Chinois, qui aurait en exécration le Siamois ; celui-ci poursuivrait les Gangarides, qui tomberaient sur les habitants de l’Indus ; un Mogol arracherait le cœur au premier Malabare qu’il trouverait ; le Malabare pourrait égorger le Persan, qui pourrait massacrer le Turc : et tous ensemble se jetteraient sur les chrétiens, qui se sont si longtemps dévorés les uns les autres.
Le droit de l’intolérance est donc absurde et barbare : c’est le droit des tigres, et il est bien horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes.
Assistance scolaire gratuite, Collège, Primaire, Littérature, Lycée, Résumé, Baccalauréat Littéraire, BAC.